tag:blogger.com,1999:blog-14708554433929539072024-03-05T23:51:59.459-08:00Soignante en devenirFlohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.comBlogger25125tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-27942873735836435522021-04-08T03:12:00.002-07:002021-04-08T03:12:52.491-07:00Chambre 423<span style="font-size: small;">C'était un lundi. La
veille, voyant que maman n'était vraiment pas bien, j'avais décidé
de dormir à l'hôpital avec elle. La nuit avait été longue. Maman
n'avait pas dormi, moi non plus. J'avais passé des heures à lui
tenir la main, à la supplier de respirer, de tenir encore. Tenir
pour quoi ? Pour souffrir plus longtemps ? On est égoïste avec les
personnes qu'on aime. On voudrait qu'elles restent, qu'elles soient
toujours auprès de nous, même si elles souffrent, même si ça doit
leur faire mal. Je n'avais pas compris qu'elle allait mourir. Je ne
voulais pas comprendre. Quand, deux semaines auparavant, elle m'avait
dit qu'elle entrait à l'hôpital pour reprendre un peu de poids,
j'avais bêtement cru que c'était juste ça : reprendre du
poids, puis reprendre la vie comme avant. La vie avec le cancer, la
chimio, la douleur. Mais aussi la vie avec nos week-end complices,
nos vacances en Vendée, nos rires. L'hôpital, ça a été
l'horreur. Tu le sais papa, tu étais là aussi. Les médecins
distants, les soignants si peu respectueux de sa pudeur et de sa
dignité. La douleur et la peur. Toi, Éric,
moi, chacun dans notre monde, chacun dans notre douleur... Et ce
fichu crabe qui gagnait du terrain chaque jour. Les poumons, les os.
La morphine, l'oxygène... chaque jour était un pas de plus vers la
fin. Et moi, malgré tout ça, je ne comprenais toujours pas. Je
passais à côté de sa mort comme j'étais passée à côté de sa (fin de) vie. Naïve. Impossible de parler de sa maladie, de sa
souffrance, de sa mort toute proche, puisque non, ça n 'allait
pas arriver, il y aurait une rémission, forcément, une maman ça ne
meurt pas, c'est bien connu. Et il y a eu ce lundi. La dernière
nuit, puis le dernier jour. Les yeux de maman, son regard qui me
hurlait « j'ai peur », sa main qui serrait la mienne. La
famille, la présence du dernier instant, le médecin qui nous
annonce froidement que dans quelques heures ce serait fini. Nos larmes,
ma panique, la peur. Les derniers mots que je lui ai dits : « à
tout à l'heure ». Éric dans la chambre, seul avec elle, nous
qui attendons et puis... et puis rien. Elle est partie. Elle est
partie et je ne lui ai pas dit au-revoir. Je n'ai pas tenu sa main,
je n'étais pas avec elle. Elle est partie et je ne peux pas m'y
faire, j'ai l'impression qu'elle m'a trahie. Je me prends la mort de
plein fouet, sans y être préparée, et j'en veux à tout le monde.
J'ai pourtant eu neuf mois pour m'y faire. Neuf mois, le temps d'une
grossesse, jolie coïncidence. Préparer une vie ou préparer une mort.<br /></span>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">Hasard
du calendrier, ce jour-là c'était la Saint Aimé.</span></p>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">C'est
un lundi. La veille, voyant que tu n'étais pas bien, Éric a décidé
de dormir à l'hôpital avec toi. La nuit a été longue. Tu n'as pas
dormi, Éric non plus. J'ai passé la nuit chez toi, avec le petit,
et je n'ai pas dormi non plus. Entre deux tétées, quelques échanges
de textos entre frère et soeur. Tu respires très mal, tu souffres,
Éric est à côté de toi et ne te lâche pas la main. Le matin,
l'infirmière lui demande s'il faut prévoir la chambre mortuaire à
l'hôpital ou ailleurs. Ok, ça a le mérite d'être clair, j'arrive.
D'ailleurs tout le monde arrive. </span></p>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">Il
y a quelques semaines, nous t'avons fait une promesse. Tu ne veux ni
douleur ni asphyxie. Pour la première, il y a la morphine. Les doses
n'ont cessé d'augmenter et tu arrives à un seuil difficilement
supportable. Tu continues pourtant vaillamment de répondre "3"
tous les matins quand l'infirmière te demande où tu te situes sur
l'échelle de la douleur. Personne ne te croit, on sait bien que tu
es déjà très loin dans la souffrance, mais tu ne veux pas
déranger... Ce matin pourtant, inutile de mentir. Tu es à 10. Au
moins.</span></p>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">Pour
l'asphyxie, c'est plus compliqué. Il y a l'oxygène et les aérosols,
mais ça ne suffit pas. Et ça ne résout pas forcément le problème.
Tu cherches l'air sans le trouver. Tu l'as cherché toute la nuit.
Tes poumons sont grillés, il ne doit plus en rester grand chose.
Forcément, pour respirer... Je sais qu'il existe une solution, j'en connais le nom. Nous en avons parlé, tu sais toi aussi ce que c'est.
Et tu m'as dit que c'était ce que tu voulais pour la fin.</span></p>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">Ce
matin, nous sommes tous là, autour de toi, et nous savons qu'une
décision s'impose. Tu es épuisé par une nuit d'asphyxie, tu
souffres, et tu nous regardes. Tu es assis au bord du lit et tu tiens
ma main. Oui, tu tiens ma main et non l'inverse. C'est toi qui me
soutiens, papa, parce que c'est moi qui craque. Toi, tu es mon papa,
tu es forcément le plus fort. Même avec tes 35 kilos, même avec
tes poumons cramés, même avec ta souffrance, c'est toi le plus
fort. Et ce matin, c'est toi qui me prends dans tes bras, et c'est
moi qui pleure. </span></p>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">Il
y a des regards, des sourires et des larmes. Il y a tes mains, il y a
tes bras, il y a un père et une fille. Il y a ce cortège de
médecins, d'infirmières et d'aides-soignantes qui défilent dans la
chambre 423. Il y a ces phrases murmurées, et la question du
médecin. </span></p>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">"Qu'est-ce
que vous voulez Monsieur?"</span></p>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">Tu
ne peux plus parler, ta voix s'est éteinte cette nuit, en même
temps que ton souffle. Alors je te tends l'ardoise et le feutre, et
tu écris, tu écris sans t'arrêter : "ça existe ça existe ça
existe ça existe ça existe ça existe ça existe ça existe ça
existe..." Recto, verso, en diagonale, partout, tu recouvres la
surface de ton écriture. J'ai compris. Eux aussi. Si telle est ta
volonté...</span></p>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">Mais
"dire" et "faire" ne sont pas frères. Faire une
promesse, c'est facile. La tenir, ça l'est moins.</span></p>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">Nous
sommes seuls. Je n'ose te reparler de cette conversation. Parce que
je sais ce que ça veut dire, et je sais que tu sais, et je sais que
tu sais que je sais. Et j'ai peur. Et toi aussi sans doute. Et tous
nos regards et nos sourires n'y changeront rien. Tu vas mourir et je
vais rester là, sans mon papa. </span>
</p>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">La
journée est surréaliste. Nous la passons entre la chambre, le
parking et le salon des familles. Attendre. Tu dors. Tu respires
mieux maintenant, tu es détendu. Forcément, je me surprends à
rêver... Puisque tu respires mieux, c'est que tu vas mieux, non?
Alors on a peut-être encore quelques jours devant nous? Du coup,
j'en oublierais presque la conversation de ce matin. C'est Éric qui
me ramène à la réalité, qui m'ouvre les yeux, une fois de plus. </span></p>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">D'un
coup, je réalise. Tu vas mourir aujourd'hui, ou cette nuit, ou
demain matin. Tu vas mourir. Comme maman. Pareil. Cancer, hôpital,
douleur, asphyxie, pareil. Finalement, l'histoire est différente
mais il n'y a pas de happy end. </span>
</p>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">C'est
le soir. Nous sommes quatre dans la chambre 423. Toi, Éric, Georges
et moi. Mon père, mon frère, mon fils.</span></p>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">L'équipe
est passée nous dire au-revoir, et ne nous a pas dit "à
demain". Il y a eu beaucoup d'humanité dans cette chambre
aujourd'hui. De la douceur aussi. Et maintenant, de la peur. Nous
sommes seuls avec toi, et nous te regardons mourir. <br /></span></p>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">Nous
te parlons, un peu. Pas trop, parce qu'il faut aussi te laisser
partir. Te retenir serait égoïste, alors on est là, à côté,
pour que tu ne sois pas tout seul, mais nous ne te retiendrons pas.
On a promis, tu te rappelles?</span></p>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">Cette
nuit, nous restons. On dormira à tour de rôle, de toute façon tu
ne seras pas dérangé par les pleurs de Georges, tu es déjà trop
loin maintenant. J'ai peur que tu partes sans qu'on s'en aperçoive,
ta respiration est tellement légère. </span></p>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">Mike
Oldfield tourne en boucle depuis ce matin, tu adores cette musique.
On coupe, une pause s'impose. Ce soir c'est natation aux J.O., voilà
qui devrait nous tenir un peu éveillés. </span></p>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">21h15.
Victoire du nageur français, cocorico, Marseillaise, Éric tourne la
tête vers toi, te regarde, attend, fronce les sourcils. Je regarde
mon frère, puis toi. Je crie. "Il ne respire plus!" Je me
jette littéralement sur toi, je voudrais te secouer, te réveiller,
mais non, ça ne sert plus à rien. Je te serre fort dans mes bras,
je passe la main dans tes cheveux, je veux profiter encore un tout
petit peu de la chaleur de mon papa. Georges se réveille et pleure,
Éric me le tend, mais là c'est mon père que je veux serrer dans
mes bras, pas mon fils. Difficile de te lâcher, de te laisser, de
m'occuper du fils qui est là tout en regardant le père qui n'est
plus.</span></p>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">Je
ne veux pas qu'on appelle l'infirmière, je veux qu'on reste encore
un petit moment, là, tous les quatre, parce que tant que nous sommes
dans la chambre 423 c'est comme si tout allait bien, comme si tu
respirais encore, comme si tu n'étais pas mort.</span></p>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">Sonnette,
infirmière, il faut te laisser, il faut t'allonger, pour la mémoire
du corps, pour que tu ne sois pas crispé dans la mort. Ta mort.</span></p>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">Je
t'embrasse. Nous sortons de la chambre.</span></p>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">Je
n'ai plus de papa.</span></p>
<p align="left" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;">Aujourd'hui,
c'était le jour de ta mort, et c'était aussi la journée
internationale de l'amitié. Tu l'as fait exprès?</span></p>
<p style="font-style: normal; line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;"><br />
</p>
<p><style type="text/css">
p { margin-bottom: 0.25cm; line-height: 115% }</style></p>Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-22292259254425173592019-05-27T13:30:00.003-07:002019-05-27T13:30:47.749-07:00Sa dignitéElle sonne. Elle sonne, mais personne ne vient. Elle appuie frénétiquement sur le bouton rouge, sur ce putain de bouton rouge, mais en vain, personne ne répond à son appel, elle est seule. Elle sonne, encore et encore, elle n'en peut plus d'attendre, elle ne tient plus. La soignante a mis les barrières de lit en partant, elle est trop faible pour les enjamber, trop faible pour se lever seule, trop faible pour marcher, et pourtant il faut qu'elle se lève, il le faut absolument, elle ne peut plus attendre. Alors elle appuie, encore et encore, sur ce putain de bouton rouge, sur cette maudite sonnette qui doit bien sonner quelque part. Et à force de sonner, et d'attendre, elle pleure, elle pleure parce qu'elle est seule, parce qu'elle est faible, parce qu'il faut qu'elle se lève, maintenant, c'est urgent, et qu'elle ne peut pas, à cause de cette putain de barrière de merde. <br />
C'est à ce moment précis que j'arrive. Je frappe à la porte, trois petits coups discrets, de peur de déranger, et j'entre doucement. Devant moi, le spectacle désolant. Je suis face à une femme paniquée, en larmes, prisonnière d'un lit d'hôpital. Une femme qui pleure parce qu'elle veut se lever et que personne n'est là pour l'y aider. Une femme seule, qui appuie désespérément sur un putain de bouton rouge qui doit bien résonner quelque part dans cet hôpital.<br />
Je suis face à cette femme qui va bientôt mourir, dévorée par le cancer, cette femme maigre et faible, désespérément faible, trop faible pour sortir de son lit. Cette femme trop faible pour aller seule aux toilettes, qu'on a laissée là, dans ce lit, avec une alèse jetable "au cas où". Cette femme qui va mourir mais qui n'est pas encore morte, qui veut simplement aller aux toilettes, parce que ça, elle peut encore le faire, elle n'est pas totalement vaincue, il lui reste encore ça, cette faculté, celle d'aller aux toilettes, de ne pas se faire dessus. Il lui reste cette ultime dignité, elle dont le corps a été touché, déshabillé, traité, marqué, irradié. Dignité perdue dans un lit d'hôpital, entre une sonnette inutile et une alèse jetable. Dignité perdue face à la jeune femme qui vient d'entrer et qui la voit pleurer de honte et de colère.<br />
<br />
Cette femme... ma mère... L'image terrible de ma mère vaincue et de sa dignité perdue. L'image qui ne s'efface pas, gravée, indélébile. Humiliante.<br />
Ma mère...<br />
<br />
Maman.<br />
Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com25tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-71083473418380281972019-04-03T12:39:00.001-07:002019-04-04T11:06:38.289-07:00Florence, Flo et les autresJe ne fais que passer...<br />
Je n'écris plus trop ici... Parce que pas le temps, parce que plus envie.<br />
J'ai partagé beaucoup de choses ici (et ailleurs, mais cherchez pas, j'ai tout supprimé). Il y a eu des deuils et des larmes. Il y a eu de beaux projets et de très belles rencontres.<br />
<br />
Écrire ici m'a permis d'écrire ailleurs.<br />
<br />
Depuis quelques mois je prends la plume dans les <a href="https://www.ash.tm.fr/" target="_blank">Actualités Sociales Hebdomadaires </a>dans une rubrique intitulée "La minute de Flo". L'exercice est amusant : chaque semaine je reçois une série de thèmes liés au champ du social et, en fonction de ce dont je vais parler, je choisis un personnage pour s'exprimer sur le sujet. Je lis, je me documente, j'écris, je corrige, je lis encore, j'ajoute un paragraphe, en supprime un autre, je relis, mince, trop de caractères, je taille dans le vif, je relis, j'ajoute un mot, une virgule, je vérifie un nom, un chiffre, une date, je relis, je change encore un dernier mot, je relis, j'envoie. J'adore.<br />
Pour illustrer mes personnages, c'est <a href="https://www.facebook.com/lapagedepavo/" target="_blank">Pavo</a> qui s'y colle avec talent, et il a trouvé le fil rouge entre eux... ou plutôt les cheveux violets. Chacun d'entre eux a son histoire, son caractère, ses opinions... Et à
force de leur donner la parole, je m'y attache, ils prennent vie, c'est
presque comme si je les connaissais en vrai. Je vous présente donc Florence, Floyd, Flore, Florent, Florine, Florian et Florimonde.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmJrtalzw7WJ-5f1HVXs4_vNImGgAFQ7dhufakVutklh619TgX8LjaZO1c_kLh1HriyPH102-iQ1KC-wjXS0B3kx0BK7SfkIJZHIW6n37pH7s7zKTywvkL5U4qb15gksBQLhB0clSvxrNA/s1600/flo+ash.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1600" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmJrtalzw7WJ-5f1HVXs4_vNImGgAFQ7dhufakVutklh619TgX8LjaZO1c_kLh1HriyPH102-iQ1KC-wjXS0B3kx0BK7SfkIJZHIW6n37pH7s7zKTywvkL5U4qb15gksBQLhB0clSvxrNA/s320/flo+ash.jpg" width="320" /></a></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZ96KXJVntUZZgtpbsN83ND5izNYe8-vPyO8T-QDUVv_GlCW00PWYHhfeh7V3ONBlW-Hlz0mpG5MmnxLCeqgZwmCmtwYVmnbcYArDtMeXIRnxSXw23I-r-Rm8i5uyGbIc8L9xYZQkAHR6F/s1600/Floyd.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1600" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZ96KXJVntUZZgtpbsN83ND5izNYe8-vPyO8T-QDUVv_GlCW00PWYHhfeh7V3ONBlW-Hlz0mpG5MmnxLCeqgZwmCmtwYVmnbcYArDtMeXIRnxSXw23I-r-Rm8i5uyGbIc8L9xYZQkAHR6F/s320/Floyd.jpg" width="320" /></a></div>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbr260lNWU3EcI0KIWA453FwtPHpEVbKTOgdV1r7M9vSrW5ut7HfIEqqm5UDYoR7mq6wQ6sPnGJSdZ2g15ttAfa7phcbCgvMF_gxSFeUuaC_N326sP1w44r95gDxQ7oICLXOzbofv7fgRH/s1600/Florian.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1537" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbr260lNWU3EcI0KIWA453FwtPHpEVbKTOgdV1r7M9vSrW5ut7HfIEqqm5UDYoR7mq6wQ6sPnGJSdZ2g15ttAfa7phcbCgvMF_gxSFeUuaC_N326sP1w44r95gDxQ7oICLXOzbofv7fgRH/s320/Florian.jpg" width="307" /></a></div>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIZkhHbGiUQDVIcX6d6zgEQUPWQm_-ViyMp5Ty9qHNd5Mbar137Ut9AYexnx2Hy911dvTo0SJC4gSB1MvGQjeKFQRGqmAK7enUxt4ObPUenDGe7SAovyuMcN610MsjLQAcXZE00E94J1B-/s1600/florimonde.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1600" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIZkhHbGiUQDVIcX6d6zgEQUPWQm_-ViyMp5Ty9qHNd5Mbar137Ut9AYexnx2Hy911dvTo0SJC4gSB1MvGQjeKFQRGqmAK7enUxt4ObPUenDGe7SAovyuMcN610MsjLQAcXZE00E94J1B-/s320/florimonde.jpg" width="320" /></a></div>
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M'engager ici m'a permis de m'engager ailleurs. C'est intéressant, enrichissant, palpitant.<br />
Bref, en ce moment, c'est plutôt chouette !<br />
<br />
Je me souviens
d'une équipe qui m'avait traitée d'intello idéaliste. À leurs yeux
c'était une insulte. Ils ne pouvaient pas me faire plus beau compliment ;-)<br />
Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-72717970583302102872019-01-30T09:58:00.002-08:002019-01-30T10:09:24.061-08:00La prime de la discorde<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXJ-GzzwLuz0BXB5JbASggdzRQZj5Ek0Mih29dysriU0oy12EdsDubWNgxWZ3i3r0fdReGS0hck92iCNdzxkQssUiq21mzvwfDRD43w17mKzfeSUScOPxm-3k4huQbYToPYEz5H3xcW-Pm/s1600/ASH_3093+prime+discorde+ASH.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1171" data-original-width="829" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXJ-GzzwLuz0BXB5JbASggdzRQZj5Ek0Mih29dysriU0oy12EdsDubWNgxWZ3i3r0fdReGS0hck92iCNdzxkQssUiq21mzvwfDRD43w17mKzfeSUScOPxm-3k4huQbYToPYEz5H3xcW-Pm/s640/ASH_3093+prime+discorde+ASH.jpg" width="453" /></a></div>
<br />
<span style="font-size: x-small;"><br /></span>
<span style="font-size: x-small;">Avec l'aimable autorisation des Actualités Sociales Hebdomadaires.</span><br />
<span style="font-size: x-small;"><br /></span>
<span style="font-size: x-small;">Toute ressemblance... patatipatata...</span>Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-26058908402071650212018-11-25T06:14:00.000-08:002018-12-01T12:40:06.772-08:00Des cancers et des morts<div dir="ltr" id="docs-internal-guid-ab5805de-7fff-ffd8-1078-c657ff459658" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="font-family: "liberation serif"; font-size: 12pt; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Ils s'appelaient Max, Elisabeth, Jean-Louis, Hélène, Manuela, Michel, Maryse, Killian, Jacques, Marianne, Françoise... </span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="font-family: "liberation serif"; font-size: 12pt; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Morts. Ils sont tous morts.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="font-family: "liberation serif"; font-size: 12pt; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Ils étaient jeunes, vieux, très jeunes, pas très vieux…</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="font-family: "liberation serif"; font-size: 12pt; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Ils avaient des parents, des enfants, un époux, une épouse, des frères, des sœurs, des amis…</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="font-family: "liberation serif"; font-size: 12pt; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Morts. Ils sont tous morts.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="font-family: "liberation serif"; font-size: 12pt; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Et, à chaque fois, les mêmes mots pour le dire.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="font-family: "liberation serif"; font-size: 12pt; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Il s'est battu comme un lion. Elle a rendu les armes. Il nous a quittés. Elle est partie. C'est fini.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="font-family: "liberation serif"; font-size: 12pt; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Morts. Ils sont tous morts.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="font-family: "liberation serif"; font-size: 12pt; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Des mois, des années de lutte. Chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie, chirurgie, espoir, douleur, peur, récidive… Mort.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="font-family: "liberation serif"; font-size: 12pt; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Morts. Ils sont tous morts.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="font-family: "liberation serif"; font-size: 12pt; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Des mots. Tellement de mots. Des mots d'espoir, de fatigue, de combat, de sédition, de découragement, de désespoir. Et des mots de fin. Mais pas de happy end.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="font-family: "liberation serif"; font-size: 12pt; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Morts. Ils sont tous morts.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="font-family: "liberation serif"; font-size: 12pt; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Et il y a ceux qui restent. Les parents, les enfants, les époux, les épouses, les frères, les sœurs, les amis. Ceux qui ont espéré, prié, pleuré. Pour rien ?</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="font-family: "liberation serif"; font-size: 12pt; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Il y a l'après. Les cérémonies, les enterrements, les prières, les crémations, les cortèges, les larmes, les remerciements, les deuils. Et le manque.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="font-family: "liberation serif"; font-size: 12pt; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Morts. Ils sont tous morts.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="font-family: "liberation serif"; font-size: 12pt; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Il y a, comme de douloureuses piqûres de rappel, toutes ces dates et périodes fatidiques. Octobre rose, Toussaint, Movember, Noël, fêtes, anniversaires. Sans eux.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="font-family: "liberation serif"; font-size: 12pt; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Et puis, la vie. La vie encore. La vie toujours. La vie et l'envie. Et la maladie, encore. C'est reparti pour un tour. La vie, la maladie, la mort. Encore et toujours.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="font-family: "liberation serif"; font-size: 12pt; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Morts. Nous serons tous morts. </span></div>
Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-11865128507241994962018-10-14T15:47:00.000-07:002018-10-14T15:47:04.725-07:00Les gantsJ'ai froid.<br />
J'ai peur.<br />
Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive.<br />
Je suis assise au bord du lit, dans cette chambre plongée dans la pénombre, et j'attends. Mais ce lit n'est pas le mien. Je ne connais pas cette chambre. Et je ne sais pas ce que j'attends.<br />
Deux petits coups discrets frappés à la porte. Je tends l'oreille. J'entends des bribes de voix dehors. Des voix que je ne connais pas. Je retiens ma respiration.<br />
Deux autres petits coups, un peu plus forts. Ils viennent pour moi. La porte s'entrouvre doucement. Je devine une tête.<br />
- Je peux entrer?<br />
Je ne sais pas. Je ne sais pas qui est cette femme. Je ne sais pas ce qu'elle veut. Silence. Je regarde la tête, puis le corps de la femme qui vient de parler. Un corps habillé de blanc. Je dois être à l'hôpital. <br />
- Je suis Elsa, l'aide-soignante. Je viens pour vous aider à faire votre toilette.<br />
Elle vient m'aider. Moi. Mais pourquoi? <br />
Elle entre. Elle n'allume pas la lumière, et je la distingue à peine. Derrière elle, j'entends une autre voix, plus grave. Un homme.<br />
- Ça ira? Tu veux que je reste?<br />
- Oui, ça ira, on va prendre notre temps. J'appelle si j'ai besoin.<br />
Pourquoi ça n'irait pas? Pourquoi devraient-ils être deux? De quoi ont-ils peur?<br />
- Je vais ouvrir les volets, on y verra plus clair.<br />
Bonne idée. Ainsi je pourrai la regarder. Et regarder autour de moi. Elle appuie sur un bouton, les volets remontent lentement. Et je la découvre. Toute de blanc vêtue, cheveux impeccablement coiffés en chignon, sourire avenant. La jeunesse arrogante de ceux qui savent ce qu'ils ont à faire.<br />
Et moi? Moi, rien. Je suis assise au bord du lit, j'ai froid et j'ai peur.<br />
Elle me tend la main. Je la saisis et me redresse péniblement. Elle ne cesse de sourire et de parler. C'est énervant tous ces sourires et tous ces mots. Je voudrais qu'elle se taise. Ses mots m'empêchent de réfléchir.<br />
Elle m'entraîne vers la salle de bain. Elle a déjà préparé mes vêtements. Une robe bleue que je n'aime pas, et un pull que j'aime encore moins. Elle a l'air sûre d'elle. Moi, j'hésite. Elle parle, elle sourit, et tout en parlant et en souriant, elle enfile des gants.<br />
Des gants. Je me souviens. L'infirmière était gentille. Elle avait une belle robe blanche et une petite coiffe. Elle nous parlait et nous souriait. Et entre un sourire et un mot doux, elle avait enfilé des gants. Après, je ne sais plus. Quand je me suis réveillée, l'infirmière était partie. J'étais seule. J'avais froid. J'avais peur. Et maman n'était plus là. Maman n'a plus jamais été là. Quand le camp a été libéré, je l'ai cherchée. Pendant des jours, des semaines, des mois. Et puis, j'ai arrêté de la chercher. Parce qu'elle était morte. Parce que tout le monde était mort.<br />
Les gants. La femme en blanc approche sa main gantée de moi. Je la repousse. J'ai froid. J'ai peur. Elle me sourit, elle me parle. Mais je sais que les sourires et les mots sont trompeurs. Je sais qu'elle essaie de m'amadouer. Je sais qu'elle veut m'endormir. Et je sais qu'à mon réveil, je serai de nouveau toute seule, et j'aurai froid et peur.<br />
Elle sourit encore, et sa voix doucereuse se veut apaisante. Mais ça ne marche pas. Ça ne marchera pas deux fois. Alors je la repousse, encore, et plus fort. Et je pleure, je crie, je hurle ma colère et ma peur. Et elle, la femme en blanc, la femme avec ses gants, elle essaie encore, avec ses mots et ses sourires, elle essaie toujours, elle persévère, mais je ne la laisse pas faire, je la repousse encore et encore, et je crie, et je la frappe, oui, je la frappe, parce que je n'ai plus que ça, les coups, pour me défendre, parce que j'ai peur, parce que je ne veux pas qu'elle me touche, pas elle, pas avec ses gants. Et elle, elle crie aussi, elle appelle à l'aide, et j'entends des pas, une course, une porte qui s'ouvre, et une voix d'homme, la voix de tout à l'heure, et je le vois, lui, l'homme en blanc, et j'ai peur, ils sont deux maintenant, et moi je suis toute seule, toute seule face à eux, et ils sont en blanc, ils sont forts, ils sont plus forts que moi, j'ai peur...<br />
Et puis... rien. Une pause. Le silence. La femme aux mains gantées est sortie de la salle de bain. L'homme en blanc est là, face à moi. Il ne parle pas. Il ne sourit pas. Il me tend la main.<br />
Il ne porte pas de gants. Je m'effondre. J'ai froid. J'ai peur. Maman n'est plus là. Mais je ne suis plus toute seule. Il est là, avec moi, l'homme qui n'a pas de gants. Il est là, avec moi, et il ne me fera aucun mal. Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-84628563445502082392018-09-21T07:51:00.000-07:002018-09-21T07:51:04.834-07:00"Ma belle"J'avais une vie.<br />
J'avais des parents, bien sûr, et des frères et une soeur.<br />
Oui, ça, je m'en souviens. <br />
Un mari et des enfants...<br />
J'avais une maison, avec un jardin... <br />
Tout ça, je m'en souviens aussi.<br />
J'avais un chat. Il était roux.<br />
J'avais tout ça...<br />
Et maintenant?<br />
<br />
Maintenant, je ne sais plus. Mes parents, mes frères, ma soeur, mon mari, mes enfants, mon chat... Où sont-ils? Et qui sont tous ces vieillards autour de moi?<br />
Ma maison, où est-elle? Quelle est cette chambre qui n'est pas la mienne? Pourquoi ce lit aux draps blancs et ce placard fermé à clé?<br />
Et cette jeune femme, debout face à moi, dans sa tenue blanche immaculée, qui est-elle? Elle me sourit, elle me parle doucement, elle m'appelle "ma belle"... Elle semble tellement gentille... <br />
Moi, je suis par terre, j'ai mal, j'ai peur. Et elle...<br />
Elle, elle est debout, elle est jeune, elle est forte, elle va m'aider... Mais en attendant, elle me sermonne gentiment...<br />
"Ma belle, il ne faut pas vous lever toute seule, c'est dangereux... Vous auriez pu vous faire très mal... Heureusement que je passais par là... Ne bougez pas, je vais vous aider... Mais il faut me promettre de rester assise après hein!"<br />
Oui, oui, je promets... je promets tout ce que vous voulez... mais pitié, relevez-moi, aidez-moi... pitié...<br />
Alors elle me relève, la belle et douce jeune femme en blanc. Elle me relève, elle m'installe dans mon fauteuil, et elle me parle, elle me susurre des mots doux, elle caresse mes cheveux, elle m'embrasse... Elle est tellement gentille...<br />
"J'ai beaucoup de travail vous savez ma belle. Alors il faut me promettre de ne pas bouger hein... Parce que vous savez, si tout le monde fait comme vous, si tout le monde se lève et tombe, je vais jamais pouvoir revenir vous voir, je n'aurai pas le temps... Alors il faut rester dans votre fauteuil, d'accord? Vous promettez ma belle? C'est pour votre bien... Mais promis, je reviens vous voir dès que j'ai fini."<br />
Oui, oui, je promets, je promets tout ce que tu veux, mais pitié, reviens, redis moi des mots doux, rassure-moi, console-moi... Pitié, reviens, je serai sage en attendant... je promets... je promets tout ce que tu veux... pourvu que tu reviennes...<br />
<br />
J'avais une vie. Des parents, des frères, une soeur, un mari, des enfants, un chat, une maison. J'avais une vie mais je ne sais pas ce qu'elle est devenue. Je sais juste que je suis là, dans cette maison inconnue, dans cette chambre qui n'est pas la mienne, avec ces vieux que je ne connais pas. Je suis là, je suis perdue, et elle est là, la jeune femme en blanc, la jeune femme qui reviendra... si je suis sage... si je me tiens tranquille... si je ne bouge pas... Oui, elle reviendra, et elle sera gentille...<br />
Et je serai sage...<br />
Je promets.<br />
<br />Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-19857067158827799862018-08-08T13:46:00.002-07:002018-09-20T06:41:26.215-07:00La plage aux caméliasAujourd'hui était une belle journée.<br />
Aujourd'hui, après le boulot, j'ai filé à Quiberon. Une heure et demie de bouchons, non pour voir la mer, mais pour participer à un atelier d'écriture avec <a href="http://www.albin-michel.fr/auteurs/sophie-tal-men-51422" target="_blank">Sophie Tal Men</a>. Ça devait bien faire vingt ans que je ne m'étais pas prêtée à ce jeu, et j'y ai retrouvé un plaisir intact. La consigne était simple : l'auteure nous montrait une photo (une fleur de camélia sur du sable) et nous dictait une liste de mots (pluie, chamade, sable, battre, dégouliner, anesthésie).<br />
Nous devions nous inspirer de la photo et placer au moins deux mots dans le texte que nous avions vingt minutes pour écrire. Top chrono, c'est parti!<br />
Après ça, nous étions libres de lire notre texte... ou pas. J'ai beaucoup aimé écouter les textes des participants, j'ai été intimidée au moment de lire le mien, et j'ai été épatée par la bienveillance de l'auteure. Je n'ai qu'une hâte, recommencer!<br />
<br />
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<b>La plage aux camélias </b></div>
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<br />
Rien. Je ne reconnais rien. Ni la plage, ni la mer, ni la ville, ni l'homme qui m'accompagne. Il dit s'appeler Edmond. Il dit qu'il est mon mari depuis plus de soixante ans. Soixante-quatre ans exactement. Je le regarde attentivement. Il est grand, très grand. Je dois lever la tête pour pouvoir le regarder dans les yeux. Mais peut-être est-ce moi qui suis petite? Je ne sais pas. D'ailleurs je ne sais même pas qui je suis, moi. Qui est cette femme dégoulinante de pluie sur cette plage inconnue? Et qui est cet homme qui la regarde amoureusement?<br />
Ses yeux sont bleus. Ses cheveux sont clairs et rares. Il a sans doute été blond. Un grand blond aux yeux bleus... C'est d'un banal!<br />
Je souris. Il me sourit en retour. Son sourire est rassurant. Je ne sais pas qui il est ni qui je suis mais je sais que j'aime son sourire.<br />
J'aime ses mains aussi. Des mains longues et fines, qui contrastent étonnamment avec ses épaules carrées. Des épaules de bûcheron et des mains de pianiste. J'essaie d'imaginer à quoi pourrait ressembler son antonyme. Un corps fluet et des mains de bûcheron.<br />
Je souris encore. Il me sourit en retour.<br />
Je rougis et baisse les yeux. Je regarde le sable, mes pieds nus, et les siens. Il porte des chaussures noires. Le grand blond avec des chaussures noires. J'ai presque envie de rire maintenant. Pourtant la situation n'a rien de risible. Je suis une femme inconnue, avec un homme inconnu, sur une plage inconnue. Non, vraiment, il n'y a pas de quoi rire.<br />
Il me parle. Sa voix est douce, il a un accent qui chante et qui sent bon la lavande. Mais comment un accent peut-il sentir la lavande?<br />
J'imagine la lavande. Je ferme les yeux et inspire profondément. Je sens les battements de mon coeur s'accélérer. Ça fait comme un vertige, une agréable sensation de... de... de quoi exactement?<br />
Je rouvre les yeux. Ses yeux ne me quittent pas, sa voix continue son murmure chantant. Il dit qu'il m'aime, qu'il m'a toujours aimée, qu'il m'aimera toujours.<br />
Il est beau, ce grand blond aux yeux bleus et aux chaussures noires. Il est beau et doux et aimant. Si nous n'étions pas déjà mariés depuis si longtemps, je crois que je pourrais en tomber amoureuse.<br />
<br />
<i>- Je m'appelle Edmond Camélia, tu t'appelles Joséphine Camélia. Nous nous sommes rencontrés ici, sur cette plage de Quiberon, il y a soixante-cinq ans exactement. Souviens-toi mon amour.</i><br />
<br />
Je me souviens. Mon coeur bat la chamade.<br />
Je me souviens. Nous nous aimons.<br />
Je me souviens. Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-29227199321983640392018-06-09T13:08:00.000-07:002018-06-10T03:41:40.017-07:00La cerise sur le gâteauTu aurais eu 70 ans dans quelques jours. 70 ans, c'est encore jeune. <br />
Tu serais grand-père six fois. Je te raconterais en riant les dernières péripéties de tes petits-enfants. Tu me parlerais de ton jardin et de ton chien.<br />
Au lieu de ça, rien.<br />
J'ai reçu il y a quelques mois un courrier de l'hôpital. Ta veuve, ta charmante veuve, avait légèrement "oublié" de payer un supplément chambre individuelle. Plus quelques autres broutilles. J'ai appelé l'hôpital, un peu déconfite. C'est quoi ce bordel? C'est quoi cette facture qui se pointe la bouche en coeur presque six ans après ta mort? Explications laconiques. La veuve ne répond pas aux courriers, on s'adresse aux enfants. La facture doit être acquittée, point. Ironie de l'histoire, la veuve est morte chez eux. Dans leur hôpital. Mais ils ont continué à lui envoyer des relances. L'administration dans toute sa splendeur. Forcément, elle n'a pas répondu. En toute logique. Forcément, ils ont cherché les enfants. Et hop, facture! Six ans après, ça fait un peu mal. Surtout pour ça. "Supplément chambre individuelle". C'est vrai que pour un homme en fin de vie, la chambre individuelle, c'était un grand luxe. Surtout quand on se souvient de ton voisin de chambre. Un vieux monsieur dément qui passait ses nuits à se lever pour attraper les télécommandes. Celle de la télé, celle du lit. Ça l'occupait. Il appuyait sur un bouton au hasard, la télé s'allumait. Un autre bouton, le lit se redressait. Ça le faisait marrer. Bizarrement, toi, tu te marrais pas trop. Les mourants n'ont pas d'humour, c'est bien connu. Alors bon, la chambre individuelle, quand on est en fin de vie, non, c'est pas du luxe.<br />
La veuve? Disparue. Morte. Et incinérée. Comme le reste. On a sauvé les photos de famille, les vieux disques et quelques livres. Ce que tu nous avais donné de ton vivant. Elle a gardé le reste. Tout le reste. Tes meubles. Ceux de notre mère. Ceux de nos grands-parents, paternels et maternels. Ton chien, qu'elle n'aimait pourtant pas. La vaisselle. Les livres. Les bibelots que nous avions toujours connus à la maison. Toutes ces affaires d'avant. Tous ces objets de notre enfance. Elle a tout gardé. Et nous, on n'a rien dit. Parce que trop anéantis. Parce que trop fatigués. Parce que trop, tout simplement.<br />
Avant ta mort, on n'y pensait pas. Après ta mort, on pensait à autre chose.<br />
Elle a refait sa vie. Et elle est morte. A peine deux ans après toi. <br />
Tes affaires? Parties à la déchetterie. Elle a légué tout ce qu'elle avait à une voisine, la voisine a fait le vide et a déménagé dans la foulée. J'ai rencontré cette femme. À ses yeux, nous étions des monstres d'égoïsme qui avions abandonné la veuve de leur père. Je n'ai pas eu le courage de démentir. À quoi bon raconter l'alcool et les mensonges?<br />
Et voilà. Il ne reste plus rien. <br />
Alors, cette facture, comment dire? C'est un peu la cerise sur le gâteau. Une cerise amère sur un gâteau indigeste.<br />
Seule solution, la renonciation à succession. Ça me fait doucement rigoler. Mais bon, au point où on en est. J'ai donc officiellement renoncé à une succession qui n'a jamais eu lieu. J'ai renoncé à ce qui a disparu depuis longtemps. De toi, il ne reste que les photos, tes disques, et quelques livres. Je n'ai pas besoin de plus. C'est la voisine qui va devoir régler la facture. Et peut-être d'autres, qui sait? Elle va encore dire que nous sommes des monstres.<br />
Mais sincèrement, je m'en fous.<br />
<br />Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-29870277031564228872018-04-04T02:59:00.001-07:002018-04-29T13:57:19.540-07:00Dans ma peauTu as mis différentes lunettes pour simuler la cataracte, la DMLA et autres joyeusetés.<br />
Tu as mis des bouchons d'oreille pour simuler la baisse d'acuité auditive.<br />
Tu as mis un tas d'orthèses pour simuler l'arthrose et la limitation de mouvements.<br />
Munie de ces appareillages, tu t'es glissée dans la peau d'une personne âgée. Tu as essayé divers mouvements : t'asseoir, te lever, te coucher, marcher, lever un bras. Des mouvements que tu fais naturellement, simplement, tous les jours. Et tu t'es rendu compte que là, subitement, tout était plus compliqué.<br />
Tu as essayé de repérer les objets posés devant toi : une assiette, un verre, des couverts, une serviette. Mais tout était flou et terne, et tu ne reconnaissais plus rien.<br />
Tu as écouté ce que les gens qui t'entouraient disaient. Mais tu n'entendais pas bien, leurs mots te semblaient lointains et tu ne parvenais pas à suivre le fil de leur conversation.<br />
Tu as poussé l'expérience un peu plus loin en acceptant d'être aidée. Aide aux transferts et aux déplacements, aide à la prise du repas, aide à l'habillage. Tu as trouvé ça difficile, ça allait trop vite, tu étais gênée dans tes mouvements, et tu ne comprenais pas toujours ce qu'on te demandait de faire.<br />
Au bout d'une vingtaine de minutes à la sauce "personne âgée", tu as enlevé les lunettes, les bouchons d'oreilles et les orthèses. Et tu as dit "je comprends mieux".<br />
Je suis contente que tu aies essayé. Mais si tu le veux bien, et si tu es joueuse, continuons un peu tu veux bien?<br />
Remets tes trucs et tes machins, là, et poussons un peu plus loin l'expérience. <br />
Installe-toi dans ce fauteuil. N'aie pas peur, il est confortable. Tu vois la télé en face de toi? Bien sûr que tu la vois, c'est un grand écran, tu ne peux pas le rater. Bien. Allume-la et sélectionne une chaîne. Quoi? Tu ne trouves pas la télécommande? Rhooooo, c'est bête hein!<br />
Allez, je t'aide, je te la donne... Ah oui, les boutons sont tout petits, tu as remarqué? Pas simple hein? Bon, je suis sympa, je t'aide encore. Quelle chaîne tu veux? La première? Tu es sûre? Non parce que là, c'est le journal, et franchement, les nouvelles ne sont pas bonnes en ce moment, il y a encore eu un attentat... Je vais plutôt te mettre la chaîne musicale, tu vas voir c'est sympa. Quoi? Tu n'aimes pas? Oui mais c'est pour ton bien, ça va te détendre un peu tu verras...<br />
Bon, de toute façon c'est l'heure du repas. Installe-toi dans le fauteuil roulant, je vais t'amener à table. Regarde, je t'aide à te lever, n'aie pas peur. Donne-moi tes mains. Allez, debout! Je te fais mal? Oups, pardon, mais je veux juste t'aider moi! Bon, essaie encore. Voilà, tu y presque. Reste debout surtout, ne retombe pas. Je t'avance le fauteuil. Oui oui, je sais bien que tu ne le vois pas, mais il est juste derrière toi, je t'assure. Je t'aide. Assieds-toi. Mais assieds-toi je te dis! Voilà. Tu vois, c'est pas si compliqué! Ah, tu avais peur? Eh oui...<br />
Allez, c'est parti, on n'est pas en avance. Non, ne remets pas tes pieds devant, tu vas tomber! Quoi? Je vais trop vite avec le fauteuil? Ben oui mais bon, on n'est pas en avance hein! <br />
C'est bon, regarde, on y est. Hop, à côté de Germaine et en face de Léon, c'est ta place. Tu n'aimes pas Germaine? Ah bon, pourquoi? Elle mange avec ses mains et en met partout? Oui, c'est vrai. Mais fais un effort, il faut être tolérant, c'est ça la collectivité. On n'a pas toujours le choix dans la vie. Non, tu ne peux pas changer de table. Parce qu'ici, c'est la table des mixés, et à côté, c'est celle des normaux. Non, ce n'est pas toi le mixé. C'est ton repas.<br />
D'ailleurs, regarde, tu es servie. Qu'est-ce que c'est? Oh ben j'en sais rien moi, j'ai pas eu le temps de regarder le menu, on était en retard! C'est des légumes et de la viande. En mixé. Mange, ça a l'air bon. Quoi? Tu veux arrêter l'expérience? Mais... ça fait même pas une heure! Et tu n'as même pas goûté ton plat! Tu en as marre? Déjà? Vraiment? Quel dommage, on n'a même pas essayé le reste... La toilette express, les vêtements que tu ne choisis pas toi-même, la proximité imposée, le bruit, les conversations dont tu es exclue... et tout le reste...<br />
Tu vois, c'est ça mon quotidien. Tous les jours, toutes les heures. Pas seulement vingt minutes. Toi, tu as fini l'expérience, tu enlèves tes bidules et hop, tu redeviens toi-même. Mais pour moi, ce n'est pas une expérience, c'est ma vie. Et je ne peux pas enlever mes bidules et redevenir moi-même. Parce que mon moi-même, c'est ça. Tu comprends mieux maintenant? <br />
<br />Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-77145101006408602312018-03-11T13:12:00.002-07:002018-04-29T13:57:30.994-07:00Mens sana in corpore sanoJe ne veux pas me lever. Il est encore trop tôt, le soleil n'est pas levé, lui, alors pourquoi devrais-je le faire?<br />
<br />
Je ne veux pas me laver. Je ne suis pas sale, je ne l'a jamais été, et puis pour le peu que je bouge! <br />
<br />
Je ne veux pas manger. Je n'ai pas faim, et puis on mange toujours pareil. De la purée, de la soupe, de la bouillie.<br />
<br />
Je ne veux pas m'asseoir. Je veux marcher.<br />
<br />
Je ne veux pas sortir prendre l'air. Je suis bien, là, dans ce fauteuil, qu'irais-je faire dehors?<br />
<br />
Je ne veux pas prendre ce médicament. Il a mauvais goût et ça me rend malade.<br />
<br />
Je ne veux pas parler. Je n'ai rien à dire, et puis ça ne sert à rien.<br />
<br />
Je ne veux pas me déshabiller. Je vais avoir mal, et froid, je le sais.<br />
<br />
Je ne veux pas me coucher. Je n'ai pas sommeil, il est bien trop tôt. <br />
<br />
Je ne veux pas...<br />
<br />
Et toi, le soignant, qu'est-ce que tu fais de tout ça? Tu me le demandes, mi-amusé mi-désabusé. Tu veux que je te dise?<br />
Toi, le soignant, j'aimerais que tu t'adaptes. Que tu négocies. Que tu diffères. Que tu temporises. Que tu me proposes autre chose, autrement. Et même, parfois, que tu renonces. Parce que ça n'est pas si urgent. Ni si important. Parce que ça peut être fait à un autre moment. Avec une autre personne. Dans un autre endroit. D'une autre façon.<br />
Parce que c'est mon rythme que tu dois respecter, et non le tien. Parce que c'est mon corps, mon sommeil, mon appétit, mon envie. Ma peur aussi. Parce que c'est ma maison. Parce que si ce n'est pas maintenant, ce sera plus tard. Parce que si ce n'est pas avec toi, ce sera avec quelqu'un d'autre.<br />
<br />
Toi, le soignant, tu veux que ton travail soit bien fait. Tu veux que je sois bien propre et bien nourrie. Tu veux que je sois bien dans ma tête et dans mon corps (et dans mes vêtements et dans ma chambre aussi). Mens sana in corpore sano. Toi, le soignant, tu veux t'occuper de moi. Et tu y mets du tien. Tu te donnes du mal pour faire les choses de la bonne façon. À ta façon.<br />
Mais moi, je ne veux pas. Ce n'est pas contre toi, ni contre moi. C'est juste que ta façon n'est pas la mienne.<br />
<br />
Viens. Assieds-toi à côté de moi. Laisse-moi te raconter. Je vais te parler de moi, de ce que j'aime et de ce qui me fait peur. Je vais te parler de ma vie d'avant, avant ici, avant toi. Je vais te parler d'une femme que tu ne connais pas. De moi, il y a dix ans, vingt ans, cinquante ans. Je vais te raconter ma maison, ma famille, et même mes recettes. Je vais te raconter mon travail, mes enfants, et mes chansons préférées.<br />
Et demain, quand tu reviendras me voir, tu me chantonneras du Moustaki et je me lèverai avec le sourire. Tu me sortiras la jolie robe bleue boutonnée devant et je la mettrai avec plaisir. Tu me proposeras une cuillerée de miel dans mon fromage blanc et je le mangerai avec délice.<br />
<br />
Demain, tout sera différent, parce que tu me regarderas autrement. Tu me regarderas avec mes yeux.<br />
<br />Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-87234201191092190222018-02-04T13:31:00.000-08:002018-02-04T13:31:14.135-08:00Journée mondiale contre le cancer... #FuckDemain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne... <br />
<br />
Demain ça fera onze mois et quinze jours, Manuela. <br />
Demain ça fera un an, Hélène.<br />
<br />
Demain, ça fera cinq ans, six mois et six jours, Papa.<br />
Demain, ça fera dix-huit ans, quatre mois et vingt-trois jours, Maman.<br />
<br />
Des années, des mois, des jours... et des morts.<br />
<br />
Demain, dès l'aube, il y aura d'autres morts. D'autres larmes.<br />
Demain, dès l'aube, il y aura d'autres orphelins. D'autres veufs, d'autres veuves. D'autres parents qui perdront leur enfant.<br />
<br />
Demain, dès l'aube, il y aura aussi d'autres vies, d'autres sourires.<br />
<br />
Parfois, je relis vos blogs, <a href="http://lacrabahuteuse.fr/" target="_blank">Hélène</a> et <a href="http://fuckmycancer.fr/" target="_blank">Manuela</a>. J'y retrouve votre sourire et votre regard. Et même, en fermant les yeux, je peux y entendre votre voix. La voix douce et chantante d'Hélène, la voix grave et sincère de Manuela. <br />
<br />
Parfois, je regarde les photos de mes parents. J'y retrouve mes souvenirs et les leurs. Le Maroc de ma mère, les vendanges de mon père. Et même, en fermant les yeux, je peux presque imaginer leur présence rassurante toute proche de moi. Presque.<br />
<br />
La vie continue. Avec d'autres rencontres, et d'autres morts. D'autres sourires et d'autres larmes.<br />
La vie continue. Sans vous. Mais avec vous quand même. Avec vos souvenirs. Avec votre sourire. Avec notre amour.Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-84786397435589273602018-01-31T13:18:00.000-08:002018-09-30T12:47:12.196-07:00Courir en rose... ou pas<div style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: normal; margin: 0px; orphans: auto; text-align: start; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;">
Pour Hélène et Manuela, parce que vous nous manquez. <br />
<br />
Isabelle est motivée. Ce matin elle a couru une heure, et c'était bien. Elle sent qu'elle s'améliore, elle court plus vite, plus longtemps, et elle trouve ça plaisant. Alors c'est décidé, elle se lance. Elle va tenter une course, une vraie, avec dossard et foule et classement. Justement, ça tombe bien, une "course rose" est organisée le mois prochain dans sa région, pourquoi ne pas s'y inscrire? Un petit 10 kilomètres, c'est faisable, et puis c'est pour la bonne cause. Un clic, deux clics, trois clics, et la voilà presque inscrite. Encore un dernier clic et elle pourra prendre le départ, en rose, pour une course rose, au milieu de femmes en rose, au profit de la campagne "Octobre rose". Tout ce rose, ça lui donnerait presque la nausée... Le rose c'est gai, girly, mignon, féminin... Bref, tout le contraire du cancer du sein, et du cancer en général.</div>
<div style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: normal; margin: 0px; orphans: auto; text-align: start; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;">
<br /></div>
<div style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: normal; margin: 0px; orphans: auto; text-align: start; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;">
Isabelle pense à son amie Marie. L'annonce de son cancer. Le choc. La colère. Les traitements, longs, douloureux. Les examens. L'attente. Le verdict. L'opération. La douleur. La reconstruction. La douleur encore. Les larmes. L'accalmie. La récidive. Les traitements, encore. La douleur, toujours. La peur. Et maintenant? Maintenant, Marie attend. Les prochains examens, le prochain verdict. Marie attend et elle a peur. Non, le cancer n'est pas rose.</div>
<div style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: normal; margin: 0px; orphans: auto; text-align: start; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;">
Isabelle pense aussi à sa tante Françoise, qu'elle n'a que brièvement connue. Elle revoit ses yeux fatigués, son foulard bariolé et ses robes amples qu'elle portait pour cacher les cheveux et les seins qu'elle n'avait plus. Elle revoit les sursauts de sa mère dès que le téléphone sonnait un peu tard. Elle revoit la tristesse de son petit cousin. Elle revoit cette journée d'été, une belle journée ensoleillée, une journée bien trop belle pour un enterrement. Non, le cancer n'est pas rose.</div>
<div style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: normal; margin: 0px; orphans: auto; text-align: start; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;">
Elle revoit sa cousine Sophie, la fille de Françoise. Sophie et son humour à deux balles qui fait quand même rire tout le monde, Sophie et ses histoires de boulot qui font pleurer tous ceux qui n'ont pas ri à ses blagues, Sophie et son abruti de caniche qui la suit partout. Sophie et sa double mastectomie préventive. Non, le cancer n'est définitivement pas rose.</div>
<div style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: normal; margin: 0px; orphans: auto; text-align: start; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;">
<br /></div>
<div style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: normal; margin: 0px; orphans: auto; text-align: start; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;">
Maintenant, Isabelle hésite. Le rose, finalement, ça n'est pas si mignon que ça. Un clic, deux clics, trois clics, et la voilà partie à la recherche d'infos sur la campagne d'Octobre rose. Elle tombe sur des blogs de femmes malades, sur des articles de presse, sur des forums de soutien. Elle tombe également sur des campagnes passablement ridicules, des messages pailletés qui lui filent la nausée et de jolis commentaires dégoulinants de rose et de bons sentiments. Elle tombe sur plein de choses plus ou moins utiles, elle lit, clique sur un lien, lit autre chose, clique encore... Au hasard de ses clics, elle tombe sur<span class="Apple-converted-space"> </span><a href="http://lacrabahuteuse.fr/2013/10/le-canardage-des-marronniers/">ça</a>, et<span class="Apple-converted-space"> </span><a href="http://fuckmycancer.fr/bazar/octobre-rose-2015-ouverture-de-la-chasse/">ça</a>. Elle commence à voir rose (vous le sentez venir le jeu de mots pourri?). Et puis elle tombe sur<span class="Apple-converted-space"> </span><a href="http://fuckmycancer.fr/seriously/si-vous-voulez-mourir-pour-elles-pourrir-pour-elles-allez-donc-courir-pour-elles/">ça</a>. Là, elle voit rouge! Une malade attaquée par une asso pour les malades, c'est un peu fort de café quand même!</div>
<div style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: normal; margin: 0px; orphans: auto; text-align: start; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;">
Isabelle soupire et ferme tous les onglets ouverts, sauf un. Elle se retrouve sur le site de la course rose à laquelle elle veut s'inscrire. Elle hésite un peu, le doigt en l'air, il ne reste qu'un clic pour finaliser l'inscription. Cliquera? Cliquera pas?</div>
<div style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: normal; margin: 0px; orphans: auto; text-align: start; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;">
Elle regarde par la fenêtre. Dehors, elle voit la forêt toute proche. Les grands arbres et leurs bruissements de feuilles, les brindilles qui craquent sous ses baskets, l'odeur du sous-bois... Le calme et le silence, la douche et le thé brûlant quand elle rentre... C'est tout ça qu'elle aime quand elle court. Quel besoin a-t-elle d'aller se déguiser en bonbon rose et d'aller se mêler à des centaines d'autres bonbons roses pour courir sans plaisir dans la ville et le bruit? Besoin de faire un geste? De se donner bonne conscience? De soutenir une cause sans même savoir où ira véritablement son don?</div>
<div style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: normal; margin: 0px; orphans: auto; text-align: start; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;">
Finalement, Isabelle clique sur la petite croix en haut à droite de l'écran et éteint son ordinateur.</div>
<div style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: normal; margin: 0px; orphans: auto; text-align: start; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;">
<br /></div>
<div style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: normal; margin: 0px; orphans: auto; text-align: start; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;">
Tiens, et si elle appelait sa cousine Sophie pour lui proposer un resto?</div>
<div style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: normal; margin: 0px; orphans: auto; text-align: start; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;">
<br /></div>
<div style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: normal; margin: 0px; orphans: auto; text-align: start; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;">
Edit : l'association Courir pour elles a publié un communiqué de presse, à lire<span class="Apple-converted-space"> </span><a href="http://www.courirpourelles.com/wp-content/uploads/2016/04/Courir-POUR-ELLES_CP_20160401.pdf">ici</a>, et son bilan financier 2014-2015, à consulter<span class="Apple-converted-space"> </span><a href="http://www.courirpourelles.com/wp-content/uploads/2016/04/presentation_comptes_2015.pdf">ici</a>.</div>
<div style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: normal; margin: 0px; orphans: auto; text-align: start; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;">
Une petite chose pour finir. Dans le communiqué de presse stipulant que la plainte contre Manuela Wyler serait retirée après accord du Conseil d'Administration, il est utilisé sept fois le mot "diffamer" (ou des variantes telles que diffamation, diffamatoire...). Pour info, la définition de diffamer, d'après le Larousse, est la suivante : chercher à perdre quelqu'un de réputation en lui imputant un fait qui porte atteinte à son honneur, à sa considération. Donc réclamer des comptes, c'est diffamant. OK. Je note.</div>
<div style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: normal; margin: 0px; orphans: auto; text-align: start; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;">
<br /></div>
<div style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: normal; margin: 0px; orphans: auto; text-align: start; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;">
PS : d'autres blogueurs en ont parlé,<span class="Apple-converted-space"> </span><a href="https://danstousless3ns.wordpress.com/2016/04/01/au-ras-des-paquerettes/">ici</a><span class="Apple-converted-space"> </span>et<span class="Apple-converted-space"> </span><a href="https://lapinardotheque.wordpress.com/2016/04/01/courses-roses-assignation-dune-malade/">ici</a>,<span class="Apple-converted-space"> </span><a href="https://leshistoiresdepoupi.wordpress.com/2016/03/31/lasso-courir-pour-elle-et-lassignation-en-justice-dune-malade/">ici</a><span class="Apple-converted-space"> </span>et<span class="Apple-converted-space"> </span><a href="http://celinextenso.free.fr/wordpress/?p=886">ici</a>. C'est vachement bien écrit, et même parfois c'est drôle. Moi je sais pas faire drôle, j'y arrive sur plein de trucs mais pas avec ce sujet, c'est con. De même que je sais pas dire aux gens qu'ils sont fantastiques, je suis un peu trop timide/pudique/maladroite pour tout ça... alors bon... voilà... Parmi les blogs cités dans ce billet, y a trois nanas que j'ai eu la chance de rencontrer... et vraiment, elles sont chouettes. Alors franchement, le cancer... Fuck.<br />
<br />
<i>PS : Hélène et Manuela étaient de vraies belles personnes. </i><br />
<i>Isabelle, Marie, Françoise et Marie, par contre, sont des personnages fictifs. Elles n'existent pas en vrai. Je préfère préciser hein, on sait jamais...</i></div>
Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-70476741955222617502017-08-13T08:42:00.000-07:002018-02-01T07:25:08.328-08:00Fugue en papi majeurIl regarde par la fenêtre. Il fait beau, seuls quelques petits nuages décorent délicatement le ciel bleu breton. C'est une belle journée, il est de bonne humeur, tout va bien.<br />
Dans le miroir de la salle de bain, il vérifie son rasage, impeccable, sa coiffure, soignée, et sa tenue, parfaite pour l'occasion. Ne manque que la touche finale, un peu de parfum, celui que son fils lui a offert à Noël dernier. Il le porte rarement, mais aujourd'hui est un jour spécial. Aujourd'hui, il va voir Louise.<br />
Il sort de chez lui sans fermer à clé. Inutile, tout est toujours tellement calme ici. Personne dans le couloir, comme toujours. Cette résidence est décidément d'un ennui mortel.<br />
Il habite au premier étage mais il prend quand même l'ascenseur pour descendre. Il a toujours trouvé les escaliers trop sombres pour sa vue défaillante, et il ne faudrait pas risquer de se casser une jambe. Pas aujourd'hui en tout cas.<br />
Personne dans le hall d'entrée. Personne sauf Marie, la fille de Michel. Michel est mort il y a deux jours, et la famille vient déjà vider les lieux. Il est peiné, il aimait bien Michel. C'était un vieux taiseux pas commode, pas très aimé par ici, mais ils étaient voisins depuis quelques années déjà et, au gré des parties de belote et de quelques repas pris en commun, ils avaient appris à s'apprécier. <br />
Mais l'heure n'est pas à la mélancolie. Louise va l'attendre, et les heures leur sont comptées. Idéalement, il aimerait être rentré pour 18h, et Louise a un emploi du temps assez chargé elle aussi.<br />
Les affaires de son défunt voisin sont embarquées dans une petite voiture garée devant l'entrée. Les portes sont ouvertes et il se faufile entre deux cartons. En passant, il se demande comment sera le prochain locataire. Encore un vieux, sans doute.<br />
La résidence est loin de tout, il faut marcher un bon moment avant d'atteindre le centre-ville. Il marche à petits pas, sans trop se presser, et profite même de la promenade pour cueillir discrètement une rose dans le parc. Louise sera contente, elle qui aime tant les fleurs. <br />
Louise, justement, est là, devant lui. Radieuse, comme toujours. Ils se fréquentent depuis peu, quelques semaines à peine, c'est une histoire débutante, un peu hésitante, mais quoi qu'il en soit palpitante. Quel bonheur que ces retrouvailles hors de la monotonie de leurs vies respectives, lui dans sa résidence trop calme, elle dans sa famille envahissante. Comme à chaque fois, ils ont mille chose à se raconter, l'après-midi n'y suffira jamais! Alors ils parlent, un peu vite et un peu fort, pour ne pas perdre une miette de ce qu'ils ont à se dire. Ils parlent de leurs enfants, trop présents ou trop absents, de leurs voisins, trop bruyants ou trop calmes, de leurs vies, trop vides, là-dessus ils sont d'accord. Ils parlent aussi des nouvelles du monde, de ces menaces de guerre qui les inquiètent, leur rappelant les heures sombres de l'Histoire, et de ce président nouvellement élu, il est si jeune, que connaît-il de la vie?<br />
Et pendant qu'ils se parlent sans se quitter des yeux, pendant qu'ils se perdent dans la contemplation de cette belle après-midi d'été, dans ce parc, sur ce banc, ils ne voient rien venir. Ils ne voient pas ces gendarmes qui s'approchent à grands pas, ils ne savent pas que cette sortie, leur sortie, sera relatée dans la presse en des termes infantilisants et moqueurs, et surtout, ils sont loin d'imaginer qu'un homme qui voit la femme qu'il aime, quand il a 93 ans, n'est plus qu'un "grand-père qui fugue pour retrouver sa petite-amie".<br />
<br />
Quelques articles relatant "l'événement" (qui n'en est pas un), ici : <br />
<a href="https://www.blogger.com/goog_140633613"><br /></a>
<a href="http://www.bfmtv.com/police-justice/un-homme-de-93-ans-fugue-pour-retrouver-sa-petite-amie-1235183.html">http://www.bfmtv.com/police-justice/un-homme-de-93-ans-fugue-pour-retrouver-sa-petite-amie-1235183.html</a><br />
<br />
<a href="http://www.leparisien.fr/insolite/cotes-d-armor-a-93-ans-il-fugue-pour-retrouver-sa-petite-amie-13-08-2017-7190739.php">http://www.leparisien.fr/insolite/cotes-d-armor-a-93-ans-il-fugue-pour-retrouver-sa-petite-amie-13-08-2017-7190739.php</a><br />
<br />
<a href="http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2017/08/13/97001-20170813FILWWW00067-il-fugue-de-sa-maison-de-retraite-pour-retrouver-sa-petite-amie.php?cmtpage=0">http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2017/08/13/97001-20170813FILWWW00067-il-fugue-de-sa-maison-de-retraite-pour-retrouver-sa-petite-amie.php?cmtpage=0</a><br />
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<a href="http://www.francetvinfo.fr/faits-divers/cotes-d-armor-un-grand-pere-de-93-ans-fugue-de-sa-maison-de-retraite-par-amour_2326037.html">http://www.francetvinfo.fr/faits-divers/cotes-d-armor-un-grand-pere-de-93-ans-fugue-de-sa-maison-de-retraite-par-amour_2326037.html</a><br />
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<a href="http://www.laprovence.com/actu/en-direct/4576779/cotes-darmor-a-93-ans-il-fugue-pour-retrouver-sa-petite-amie.html">http://www.laprovence.com/actu/en-direct/4576779/cotes-darmor-a-93-ans-il-fugue-pour-retrouver-sa-petite-amie.html</a><br />
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<a href="http://www.corsematin.com/article/article/cotes-darmor-a-93-ans-il-fugue-pour-retrouver-sa-petite-amie">http://www.corsematin.com/article/article/cotes-darmor-a-93-ans-il-fugue-pour-retrouver-sa-petite-amie</a><br />
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<a href="http://actu.orange.fr/societe/insolite/bretagne-a-93-ans-il-fugue-pour-un-rendez-vous-amoureux-magic-CNT000000M5yBQ.html">http://actu.orange.fr/societe/insolite/bretagne-a-93-ans-il-fugue-pour-un-rendez-vous-amoureux-magic-CNT000000M5yBQ.html</a><br />
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<a href="http://www.francesoir.fr/societe-faits-divers/pleneuf-val-andre-93-ans-il-fugue-de-sa-maison-de-retraite-pour-aller-un-rendez-vous-galant-amoureux-balade-romantique-insolite-mignon-cotes-armor-saint-brieuc">http://www.francesoir.fr/societe-faits-divers/pleneuf-val-andre-93-ans-il-fugue-de-sa-maison-de-retraite-pour-aller-un-rendez-vous-galant-amoureux-balade-romantique-insolite-mignon-cotes-armor-saint-brieuc</a><br />
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<a href="http://www.estrepublicain.fr/insolite/2017/08/13/il-fugue-de-sa-maison-de-retraite-pour-un-rendez-vous-galant">http://www.estrepublicain.fr/insolite/2017/08/13/il-fugue-de-sa-maison-de-retraite-pour-un-rendez-vous-galant</a><br />
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<a href="https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/cotes-d-armor-un-resident-de-maison-de-retraite-fugue-pour-un-rendez-vous-romantique-1502559959">https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/cotes-d-armor-un-resident-de-maison-de-retraite-fugue-pour-un-rendez-vous-romantique-1502559959</a><br />
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<a href="http://www.dna.fr/actualite/2017/08/13/il-fugue-de-sa-maison-de-retraite-pour-un-rendez-vous-galant">http://www.dna.fr/actualite/2017/08/13/il-fugue-de-sa-maison-de-retraite-pour-un-rendez-vous-galant</a><br />
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<a href="http://www.lexpress.fr/insolite/bretagne-a-93-ans-il-fugue-pour-retrouver-son-amoureuse_1935055.html">http://www.lexpress.fr/insolite/bretagne-a-93-ans-il-fugue-pour-retrouver-son-amoureuse_1935055.html</a><br />
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<a href="http://www.ouest-france.fr/societe/faits-divers/un-homme-de-93-ans-s-enfuit-de-sa-maison-de-retraite-pour-un-rendez-vous-romantique-5186714">http://www.ouest-france.fr/societe/faits-divers/un-homme-de-93-ans-s-enfuit-de-sa-maison-de-retraite-pour-un-rendez-vous-romantique-5186714</a><br />
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<a href="http://www.parismatch.com/Actu/Faits-divers/A-93-ans-il-fugue-de-sa-maison-de-retraite-pour-retrouver-son-amoureuse-1327217">http://www.parismatch.com/Actu/Faits-divers/A-93-ans-il-fugue-de-sa-maison-de-retraite-pour-retrouver-son-amoureuse-1327217</a><br />
<br />
<a href="https://www.valeursactuelles.com/faits-divers/93-ans-il-senfuit-de-sa-maison-de-retraite-pour-rejoindre-sa-petite-amie-87551">https://www.valeursactuelles.com/faits-divers/93-ans-il-senfuit-de-sa-maison-de-retraite-pour-rejoindre-sa-petite-amie-87551</a><br />
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<a href="https://www.lematin.ch/faits-divers/a-93-ans-il-fugue-de-l-EMS-pour-rejoindre-sa-petite-amie/story/20589575" target="_blank">https://www.lematin.ch/faits-divers/a-93-ans-il-fugue-de-l-EMS-pour-rejoindre-sa-petite-amie/story/20589575 </a><br />
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<a href="http://www.ledauphine.com/france-monde/2017/08/13/il-fugue-de-sa-maison-de-retraite-pour-un-rendez-vous-galant" target="_blank">http://www.ledauphine.com/france-monde/2017/08/13/il-fugue-de-sa-maison-de-retraite-pour-un-rendez-vous-galant </a><br />
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<a href="http://www.vsd.fr/actualite/insolite-a-93-ans-il-s-enfuit-de-sa-maison-de-retraite-pour-un-rendez-vous-amoureux-22357">http://www.vsd.fr/actualite/insolite-a-93-ans-il-s-enfuit-de-sa-maison-de-retraite-pour-un-rendez-vous-amoureux-22357</a><br />
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Et pour info, ce que dit la loi :<br />
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<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000244248">https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000244248</a><br />
<a href="https://www.blogger.com/goog_178664971"><br /></a>
<a href="https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/Liberte_aller_venir_court.pdf">https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/Liberte_aller_venir_court.pdf</a><br />
<br />
<a href="http://www.maisons-de-retraite.fr/La-vie-en-etablissement/La-vie-en-maison-de-retraite/Les-visites-et-sorties">http://www.maisons-de-retraite.fr/La-vie-en-etablissement/La-vie-en-maison-de-retraite/Les-visites-et-sorties</a><br />
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<a href="http://www.actusoins.com/17079/fugue-dun-patient-quelle-responsabilite-les-infirmieres.html" target="_blank">http://www.actusoins.com/17079/fugue-dun-patient-quelle-responsabilite-les-infirmieres.html</a><br />
<i><br /></i>
<i>PS : ce fait divers (qui n'en est pas un) a réellement eu lieu. L'histoire que je raconte ici, par contre, est totalement fictive.</i>Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-47250422941554306602017-03-13T12:57:00.002-07:002018-02-01T07:24:06.744-08:00Alors elle se taitCoralie a 20 ans. Elle est élève aide-soignante. Dans le service d'orthopédie dans lequel elle effectue son stage, elle voit et entend des choses qui la mettent mal à l'aise. Des gestes parfois brusques, des paroles blessantes. Mais Coralie ne dit rien. Parce qu'elle est stagiaire. Parce qu'elle doit valider son stage. Parce que ça n'est pas à elle, la petite jeune, de dire quelque chose aux soignants diplômés. Alors elle se tait.<br />
<br />
Coralie a 22 ans. Diplômée depuis peu, elle effectue des missions d'intérim. Dans certains établissements, elle voit et entend des choses qui la mettent mal à l'aise. Des moqueries, des toilettes vite expédiées. Mais ça n'est pas à elle, l'intérimaire de passage, de dire quelque chose. Alors elle se tait.<br />
<br />
Coralie a 25 ans. Après quelques années d'intérim, elle aimerait se poser un peu. Elle enchaîne les CDD au sein d'un EHPAD, en espérant décrocher un CDI. Elle voit et entend des choses qui la mettent mal à l'aise. Des petites humiliations quotidiennes, des repas trop vite expédiés. Mais Coralie espère un CDI, alors ça n'est pas le moment de se mettre l'équipe à dos. Et puis, ça n'est pas à elle, la remplaçante, de dire quelque chose. Alors elle se tait.<br />
<br />
Coralie a 26 ans. Elle est enfin en CDI. Elle voit et entend des choses qui la mettent mal à l'aise. Des sonnettes débranchées, des résidents qui restent dans leurs protections souillées trop longtemps. Mais bon, elle est en période d'essai, alors serait-ce prudent d'aller critiquer ses collègues en ce moment? Et puis, est-ce vraiment à elle de le faire? L'infirmière serait mieux placée qu'elle non? Alors elle se tait.<br />
<br />
Coralie a 30 ans. Elle est toujours en CDI dans le même EHPAD. Elle voit et entend des choses qui la mettent mal à l'aise. Mais cette année, elle passe le concours infirmier et, si tout se passe bien, sa formation sera financée par son employeur. Ce serait dommage de passer à côté d'une si belle occasion pour quelques paroles malheureuses! Alors elle se tait.<br />
<br />
Coralie a 32 ans. Elle est élève infirmière. Dans le service de gastro-entérologie dans lequel elle effectue son stage, elle voit et entend des choses qui la mettent mal à l'aise. Des jugements, des sarcasmes, des "il l'a bien mérité". Mais Coralie doit valider son stage. Alors elle se tait.<br />
<br />
Coralie a 35 ans. Elle est infirmière. De retour à l'EHPAD, elle voit et entend des choses qui la mettent mal à l'aise. Mais c'est compliqué, parce que bon, quand même, ça fait 10 ans qu'elle travaille ici, alors elle ne se voit pas jouer à la cheffe avec ses collègues. Alors elle se tait.<br />
<br />
Coralie a 45 ans. Elle s'est habituée aux choses qui la mettaient mal à l'aise. Les jugements, les moqueries, les gestes un peu brusques... Elle s'est habituée à tout ça, parce qu'au fond, cette équipe est sympa, tout le monde se connaît depuis longtemps ici, c'est un peu comme une grande famille. Et puis, il faut avouer que certains résidents sont difficiles quand même, alors rire un peu entre collègues, ça détend, ça permet de supporter les conditions de travail et les horaires à rallonge. Alors elle se tait.<br />
<br />
Coralie a 90 ans. Infirmière à la retraite, elle est en EHPAD. Mais maintenant, quasi grabataire, elle ne passe plus ses journées en salle de soins mais dans sa petite chambre. Et, du fond de son lit, elle voit et entend des choses qui la mettent mal à l'aise. Des gestes brusques, des paroles déplacées, des moqueries. Mais ni les stagiaires, ni les aides-soignants, ni les infirmiers ne disent jamais rien à personne. Et elle, Coralie, n'ose jamais se plaindre, parce qu'elle sait bien que les soignants sont débordés, parce que certains sont quand même gentils avec elle, et parce que ça pourrait être pire après tout. Alors elle se tait.<br />
<br />
<i>PS : En vrai, Coralie n'existe pas. Inutile de la chercher parmi vos collègues, c'est juste un personnage de fiction. </i>Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com36tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-29554356343440190012016-10-06T08:46:00.000-07:002018-02-01T08:52:01.138-08:00Adèle<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEig65wP5oGqez5wtFU6hndnQwXYXZdEBEYe9cJ8v1gooh8kwISs6sA0fn_VKetniG4OCsYQeW0cO1Fjg0L-d79CKVh2bps7V_ZuQJ-aV8R2c1ILOd30gwzsewl9xAiJ3NmGLbjgp9ClIL_K/s1600/adeletransporttn1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEig65wP5oGqez5wtFU6hndnQwXYXZdEBEYe9cJ8v1gooh8kwISs6sA0fn_VKetniG4OCsYQeW0cO1Fjg0L-d79CKVh2bps7V_ZuQJ-aV8R2c1ILOd30gwzsewl9xAiJ3NmGLbjgp9ClIL_K/s400/adeletransporttn1.jpg" width="400" /></a></div>
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><i>Suite de l'Inktober, j'ai pris un peu d'avance. Adèle est représentée d'après les thèmes suivants : affamé, bruyant, caché, cueillette, roche, triste, perdu, roche, cassé, saut, transport.</i></span><br />
<br />
<span style="font-size: large;"><i><i> PS : Ce petit personnage s'appelle Adèle. En vrai, il n'existe pas. En vrai, il ne caresse pas de licornes, il n'est pas poursuivi par des araignées géantes, il ne tient pas un cerveau entre ses mains... Adèle, c'était la deuxième fille de Victor Hugo. Je vous laisse découvrir son histoire <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ad%C3%A8le_Hugo">ici</a>.</i> </i></span></div>
Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-78939598266271025692016-10-04T05:53:00.001-07:002018-02-01T08:49:20.206-08:00#Inktober<div style="text-align: center;">
Elle s'appelle Adèle et c'est le petit personnage qui m'accompagnera pendant l'<a href="http://inktober.com/">Inktober</a> 2016. Première fois que je tente ce défi inventé par Jake Parker mais l'idée me plaît, alors je me lance ;-)</div>
<div style="text-align: center;">
Sur Twitter et Instagram, vous pouvez suivre le hashtag #Inktober, il regorge de merveilles.</div>
<div style="text-align: center;">
De mon côté, je me contente d'un personnage très simple au stylo bic, inspiré par la psychiatrie (oui, je me rajoute une contrainte aux thèmes proposés, je suis joueuse!)</div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
Ci-dessous, Adèle illustrant les thèmes "cueillette", "bruyant" et "affamé".</div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9zQj0OJXi1V8PyMKpMiaS1VRKVcvJoTeQwiIOgx09IHhe8suSgFaeZEsT3GQuI-Q0jcq7AbBHRejOfPfxxtYxmbQ7zu0rgVMc85ffuyqppGD2u4pot5zN-4orvmmm72d_X96K8g4J8bGc/s1600/adele.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="132" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9zQj0OJXi1V8PyMKpMiaS1VRKVcvJoTeQwiIOgx09IHhe8suSgFaeZEsT3GQuI-Q0jcq7AbBHRejOfPfxxtYxmbQ7zu0rgVMc85ffuyqppGD2u4pot5zN-4orvmmm72d_X96K8g4J8bGc/s400/adele.png" width="400" /></a></i></div>
<i><br /></i>
<i> PS : Adèle, c'était la deuxième fille de Victor Hugo. Je vous laisse découvrir son histoire <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ad%C3%A8le_Hugo">ici</a>.</i>Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-3703537243774673962016-09-15T03:47:00.000-07:002017-03-20T02:51:56.743-07:00Le bol d'eau chaudeC'est une chambre d'hôpital. Dans cette chambre, un homme va mourir. Dans quelques heures ou dans quelques jours, personne ne sait au juste, mais il va mourir, ça, tout le monde le sait. C'est une chambre qui attend la mort, cependant elle est pleine de vie. Les murs sont décorés de photos, c'est interdit pourtant, mais le personnel soignant a gentiment fermé les yeux. Au bout du lit trône un vieux doudou, c'est Martin, le doudou de l'homme qui va mourir. Bien sûr, ça fait bien longtemps que Martin ne sert plus de doudou à personne, mais la fille a retrouvé cette vieille peluche dans un carton et elle l'a amenée à son père, comme un petit clin d'oeil. La fille, justement, est assise sur le fauteuil. Dans ses bras, un bébé endormi. Un tout jeune bébé, qui n'a que quelques semaines à peine. Trois générations dans cette chambre pleine de vie qui sent déjà la mort, trois générations silencieuses et fatiguées.<br />
Deux petits coups discrets frappés à la porte. L'homme malade dort, le bébé aussi, seule la fille relève la tête. Une aide-soignante entre doucement et dépose un bol d'eau chaude à côté du fauteuil. La fille sourit et remercie, elle a envie de pleurer mais elle se retient, ses sanglots risqueraient de réveiller l'homme et l'enfant endormis. L'eau chaude, c'est pour sa tisane, parce qu'au distributeur de l'hôpital il n'y a que du thé et du café. Ce n'est qu'un bol d'eau chaude, mais c'est tellement plus que ça. Ce bol d'eau chaude, c'est aussi la merveilleuse attention d'une aide-soignante pour cette maman fatiguée qui va bientôt perdre son père. C'est la bienveillance de toute une équipe qui accompagne sa famille depuis plusieurs mois. C'est le sourire de l'aide-soignante, l'écoute de l'infirmière, l'humour du brancardier. C'est la douceur de la kiné et la gentillesse de l'ASH. C'est le soin dans ce qu'il a de plus beau, le soin qui ne soigne pas mais qui prend soin.<br />
<br />
C'est cette équipe soignante qui m'a donné l'envie d'être aide-soignante. Grâce à un bol d'eau chaude.Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-62410073913819188662016-09-12T11:49:00.000-07:002016-09-13T09:39:58.452-07:00Vous allez souffrir!Elle n'a pas cinquante ans et elle va mourir. Le sait-elle? Pas sûr. Ses
enfants le savent-ils? Non. L'oncologue le sait-il? Sans doute que oui.
Pour l'heure, elle vient d'entrer à l'hôpital pour, officiellement, y
passer quelques examens et "se requinquer", comme elle l'a annoncé à sa
fille. N'importe qui peut deviner à la vue de cette femme amaigrie et
marquée que le cancer a gagné. Il a grignoté les poumons, petit bout par
petit bout. Il a marqué le corps, cerné les yeux, affaibli tout l'organisme.
Il se prépare pour le coup de grâce, le grand final, l'apothéose.
N'importe qui peut voir cela, sauf la jeune fille, qui ne voit que sa
mère qui se bat, qui croit encore que c'est possible, même après neuf
mois de traitements, même quand on pèse trente-cinq kilos.<br />
Ce matin, c'est la visite de l'oncologue. Il est ici en terrain conquis, dans son service, avec ses patients.<br />
"Madame F., j'ai eu les résultats de votre scintigraphie, c'est pas bon,
vous avez des métastases osseuses localisées sur la hanche, ce qui
explique vos douleurs. Je vais vous prescrire quelques séances de
radiothérapie."<br />
La femme réagit à peine. Trop fatiguée, trop douloureuse, trop mourante.<br />
La fille comprend. Sa mère a perdu et elle va perdre sa mère. La
chimiothérapie, la radiothérapie, l'espoir d'une rémission, la
rechute... la fin.<br />
L'oncologue, lui, ne comprend rien. La femme a un cancer, il s'occupe
des cancers, ça tombe bien. Il s'occupe des maladies mais pas des
malades, et encore moins des familles de malades. Alors la femme et son
regard fatigué, la fille et son regard désespéré, ça n'est pas son
problème.<br />
Il sort de la chambre comme il y était entré : vite.<br />
La jeune fille lui emboîte le pas, il faut qu'elle lui parle, il faut
qu'elle comprenne. C'est quoi ces métastases? Et le poumon, il en est
où? Et la radiothérapie, ça va servir à quoi? Silence à peine gêné,
suivi de quelques confuses explications. Non, il ne va pas guérir sa
mère, la maladie est trop avancée, il va juste "gagner du temps". La
fille ne comprend pas. Gagner du temps, quand on souffre à ce point, ça
sert à quoi, sinon à souffrir plus longtemps? Si la radiothérapie ne
peut pas guérir sa mère, pourquoi la lui infliger, pourquoi ne pas la
laisser tranquille? Monsieur le docteur, l'oncologue, le chef de
service, a devant lui une jeune effrontée qui ose remettre en question
son avis. Quel toupet!<br />
Alors, furieux, il retourne dans la chambre de la mourante, se plante
devant elle et, sur un ton parfaitement méprisant, lui assène cette
tirade mémorable :<br />
"Vous refusez le traitement que je vous propose? Vous croyez mieux
savoir que moi? Vous êtes médecin peut-être? Très bien, puisque vous
refusez la radiothérapie, vous ne l'aurez pas. Mais je vous préviens
Madame, vous allez souffrir, les métastases osseuses ça fait très mal,
et il ne faudra pas venir vous plaindre ni compter sur moi pour vous
prescrire des antidouleurs, je vous aurai prévenue!"<br />
Et il ressort aussitôt, laissant à leur stupeur la mère et la fille qui n'ont même pas eu le temps de répondre.<br />
<br />
Madame F. est morte dix jours plus tard. Elle a en effet beaucoup
souffert, malgré la morphine prescrite par un autre médecin (un peu
moins con, un peu plus humain) du service. <br />
<br />
Madame F. était ma mère. Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com10tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-5632790553094846692016-09-07T14:50:00.001-07:002016-10-23T11:19:36.327-07:00Il court il court le soutif...<br />
<br />
<b>Vendredi 2 septembre</b><br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjjGE9RTEchUbbpGRxm9uhTN3agqzyOpVYgXmXDQ722D-azDqXOu9LZxxW5on3F_JPh4NbQ-PNzEwgoWnl6lnSDcepYBT0lnYQz8EfCHzMz8dK2CBbcrUA24rGXeY3edxHUbogGXDEUHzsW/s1600/dim01.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjjGE9RTEchUbbpGRxm9uhTN3agqzyOpVYgXmXDQ722D-azDqXOu9LZxxW5on3F_JPh4NbQ-PNzEwgoWnl6lnSDcepYBT0lnYQz8EfCHzMz8dK2CBbcrUA24rGXeY3edxHUbogGXDEUHzsW/s320/dim01.jpg" width="179" /></a>Ça commence comme un jour normal. Liste de courses en main, je parcours les rayons d'un supermarché. Entre autres choses normales d'une liste normale (pain, compotes, fruits, bref rien d'exceptionnel), je dois trouver une brassière pour ma fille de douze ans. Rien de très palpitant donc. Au rayon enfant/ado, je m'arrête devant la partie lingerie. Les brassières sont trop grandes ou trop petites (oui, trop petites!), je me rabats donc sur les <a href="http://correcteurs.blog.lemonde.fr/2008/10/22/soutien-gorge-ou-la-chute-du-t/">soutiens-gorge</a> (là je vous glisse un petit lien en passant, parce que j'avoue avoir hésité sur le pluriel). J'avise un modèle tout simple (et pas trop cher) quand mon regard est happé par celui d'à côté, avec des coussinets, et arborant une étiquette explicative. Bon... Des coussinets au rayon enfant, déjà, ça m'énerve... mais alors l'argument marketing, non, vraiment... Non!<br />
Je me revois à douze ans, avec mes oeufs au plat en guise de poitrine, et je repense aux quolibets de mes camarades. Les ados, c'est pas toujours très sympa, et ça peut même être franchement con. Aujourd'hui, j'arbore un discret 85B et je le vis très bien, merci. Je ne porte pas de soutien-gorge rembourré, d'ailleurs je ne porte pas de soutien-gorge tout court, et ça aussi je le vis très bien. Et même, j'allaite, preuve que ça n'a rien à voir avec la taille. Bref, je digresse. Passablement énervée, je fais une photo de l'étiquette en essayant d'être un peu discrète (parce que photographier des soutifs au rayon ado, ça fait moyennement mère respectable quand même) et pouf, je tweete. Juste un tweet. Juste un petit tweet de rien du tout. Et je finis mes courses tranquillement (sans acheter le soutif rembourré, faut pas déconner non plus).<br />
Puis je rentre tranquillement chez moi, range mes courses (ouais, j'ai une vie incroyable je vous dis, je fais des courses et je les range après!), et regarde Twitter. Oh purée! Le tweet est repris et la marque est interpellée, visiblement je ne suis pas la seule à être choquée.<br />
Mais bon, dans ma vie normale d'aide-soignante normale, j'ai aussi un travail normal, et il est l'heure normale pour y aller, donc je file au boulot.<br />
Je ne regarde mon portable qu'à l'heure de la pause, vers 17h, et j'y trouve le message de deux journalistes. L'une souhaite me poser des questions en DM, l'autre aimerait qu'on s'appelle. Je réponds rapidement en sirotant mon café et retourne bosser. Je découvre l'article de BuzzFeed quelques heures plus tard, ici : <br />
<a href="https://www.buzzfeed.com/mariekirschen/ce-soutien-gorge-dim-pour-enfant-qui-gomme-les-imperfections">BuzzFeed France</a> (Marie Kirschen).<br />
Après, ça s'enchaîne un peu : <br />
<a href="https://www.buzzfeed.com/ikrd/a-mom-called-out-this-store-for-selling-bras-for-kids-that-s?utm_term=.spxLn8gwjB#.qkGjwWQ34p">BuzzFeed News</a> (Marie Kirschen et Ikran Dahir)<br />
<a href="http://www.refinery29.uk/2016/09/122243/childrens-bra-company-body-shaming">Refinery29 UK</a> (Natalie Gil) <br />
<a href="http://www.upgags.com/a-mom-called-out-this-store-for-selling-bras-for-kids-that-smooth-out-imperfections/">upgags</a> (article non signé)<br />
<br />
<b>Samedi 5 septembre</b><br />
De passage à Paris avec mon mari, je profite d'une après-midi chez <a href="https://twitter.com/ClaradeBort">Clara</a> pour aller zieuter avec elle dans une vraie boutique Dim. Les soutiens-gorge sont bien au rayon enfant/ado, juste à côté des culottes assorties en taille 12 ans. Aucun doute sur la cible. Il y a donc des gens, quelque part, qui se sont dit que ce serait une bonne idée que de vendre des soutifs rembourrés à des gamines. Et que l'argument marketing du coussinet pour lisser les imperfections serait suffisamment éloquent pour faire passer le truc ni vu ni connu. C'est vrai quoi, si à douze ans on n'a pas de nibards c'est qu'on a raté sa vie!<br />
Pendant ce temps, le tweet continue sa vie, et c'est très bien comme ça.<br />
<br />
<b>Dimanche 4 septembre</b><br />
Retour en Bretagne, crevés, dodo! Pendant ce temps : <br />
<a href="http://www.2girls1mag.com/dim-bienvenue-liste-noire/">2girls1mag</a> (Chrys) <br />
<br />
<b>Lundi 5 septembre</b><br />
Comme convenu, la journaliste de Libé m'appelle le matin. Je suis un peu décontenancée et je le lui dis, je n'ai rien d'intéressant à dire sur le sujet. J'ai vu un truc, ça m'a énervée, je l'ai partagé, point. Elle me rassure en m'expliquant l'orientation qu'elle donnera à son article. Et finalement, dans l'après-midi, il sort en ligne : <br />
<a href="http://www.liberation.fr/france/2016/09/05/soutiens-gorge-rembourres-gommer-les-imperfections-ou-culpabiliser-les-fillettes_1484650">Libération</a> (Juliette Deborde) (dans la presse écrite le lendemain)<br />
<a href="http://www.viraltor.com/news/a-mom-called-out-this-store-for-selling-bras-for-kids-that-smooth-out-imperfections/">Viraltor</a> (Mrpres) <br />
<br />
<b>Mardi 6 septembre </b><br />
Là, ça devient marrant. Le matin, je reçois un coup de fil d'une journaliste radio qui souhaite une interview téléphonique pour une matinale. Je tweete sous mon vrai nom, je ne suis donc pas difficile à trouver dans l'annuaire, mais ce coup de fil me surprend. Je panique un peu, je lui répète la même chose qu'à la journaliste de Libé, je ne suis vraiment pas la mieux placée pour parler de soutifs, et puis je suis pas très à l'aise avec l'idée. Elle me rassure, ce n'est pas du direct, c'est enregistré et ce sera court. Bon... OK. Entre-temps, même demande pour une émission télé, via Skype. Ouais mais là non, j'ai déjà du mal à supporter ma voix, alors ma tête en plus, ça va pas être possible. Et puis, oh quel dommage, j'ai pas de webcam, c'est con hein! Finalement, une interview téléphonique fera l'affaire, bien que je n'aie toujours rien d'intelligent à dire sur le sujet. "C'est pour l'accroche" me dit-on. Bref, c'est un genre de micro-trottoir au téléphone, il paraît que "les gens" aiment bien ça (perso j'en ai horreur, c'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles je ne regarde pas le JT, l'avis des gens dans la rue je m'en contrefous). Pendant ce temps : <br />
<a href="http://www.konbini.com/fr/tendances-2/dim-encore-soutien-gorge/">Konbini</a> (Bérénice Rebufa) (tiens, c'est marrant, l'auteure pense que je suis la Florence Braud du site <a href="https://blogs.mediapart.fr/florence-braud/blog">Mediapart</a> sauf que raté, c'est une homonyme!)<br />
<a href="http://www.yzgeneration.com/dim-soutien-gorge-ados/">YZGeneration</a> (Faël Isthar)<br />
<a href="http://www.mouv.fr/emissions/mouv-13-actu/lecullesronces-pour-gommer-les-imperfections-mais-pas-les-complexes">Mou'v</a> (Lise Pressac) (la chronique radio est vraiment drôle!)<br />
<a href="http://www.vsd.fr/actualite/polemique-quand-dim-commercialise-des-soutiens-gorge-rembourres-pour-les-petites-filles-16441">VSD</a><span class="date-primary"><span itemprop="author" itemscope="" itemtype="http://schema.org/Person"><span itemprop="name"> (Tiavina Ramiandrisoa)</span></span></span><br />
<span class="date-primary"><span itemprop="author" itemscope="" itemtype="http://schema.org/Person"><span itemprop="name"></span></span></span><a href="http://www.grazia.fr/article/dim-fait-polemique-avec-un-soutien-gorge-pour-fillettes-826640?utm_medium=Social&utm_campaign=Echobox&utm_source=Twitter&utm_term=Autofeed&link_time=1473167448#xtor=CS4-881"><span class="date-primary"><span itemprop="author" itemscope="" itemtype="http://schema.org/Person"><span itemprop="name">Grazia</span></span></span></a><span class="date-primary"><span itemprop="author" itemscope="" itemtype="http://schema.org/Person"><span itemprop="name"> (Judith Duportail) (bizarre... même erreur -corrigée depuis- que chez Konbini à propos de Mediapart...)</span></span></span><br />
<span class="date-primary"><span itemprop="author" itemscope="" itemtype="http://schema.org/Person"><span itemprop="name"></span></span></span><a href="http://www.huffingtonpost.co.uk/entry/kids-bra-imperfections_uk_57c829e9e4b085cf1ecd5be1"><span class="date-primary"><span itemprop="author" itemscope="" itemtype="http://schema.org/Person"><span itemprop="name">Huffington Post UK</span></span></span></a><span class="date-primary"><span itemprop="author" itemscope="" itemtype="http://schema.org/Person"><span itemprop="name"> Amy Packham (en anglais je deviens une "mum horrified")</span></span></span><br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0Yt3qnEtFVM7SmejjNItSy_T_68ycGHuxm32TBtQsyUu6qhpJu9S6f2eLG8muf5IDPQXXHYTSryIm2nXnj8x57xYXsPBuwb_AFedbHml72TnDx5K1BhkWL7TerFg74oXYoIBddPelf6IV/s1600/reponsedim.png" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="171" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0Yt3qnEtFVM7SmejjNItSy_T_68ycGHuxm32TBtQsyUu6qhpJu9S6f2eLG8muf5IDPQXXHYTSryIm2nXnj8x57xYXsPBuwb_AFedbHml72TnDx5K1BhkWL7TerFg74oXYoIBddPelf6IV/s200/reponsedim.png" width="200" /></a><span class="date-primary"><span itemprop="author" itemscope="" itemtype="http://schema.org/Person"><span itemprop="name"></span></span></span><a href="https://www.instagram.com/p/BKBUAdghLWO/">Instagram</a> de Barbara Greenberg<br />
<a href="http://dailymagazine.news/mom-outraged-a-training-bra-claims-to-smooth-imperfections-nid-265472.html">Daily Magazine</a> et <a href="https://www.yahoo.com/style/mom-outraged-a-training-bra-claims-to-smooth-imperfections-153844402.html">Yahoo</a> (Beth Greenfield) (ah, maintenant je suis une "mom outraged")<br />
<a href="http://www.marieclaire.co.uk/blogs/554389/french-lingerie-brand-is-body-shaming-children-with-their-bras.html">marie claire UK</a> (Corinne Redfern)<br />
<a href="http://www.15a20.com.mx/2016/09/06/deseo-15710-el-bra-que-quita-imperfecciones-de-tus-boobs.php">15a20</a> (Katia Varela) (ici je suis "una mami francesa")<br />
<a href="http://www.seventeen.com/fashion/news/a42638/people-are-mad-af-at-this-training-bra-that-claims-to-erase-imperfections/">seventeen </a>(Hannah Orenstein) (son prénom est un palindrome, ça plairait à ma fille)<br />
La marque de soutif finit par répondre, je retweete (c'est de bonne guerre), mais leur réponse n'est pas très convaincante.<br />
<a href="http://zena.blic.rs/Porodica/44444/Zbog-opisa-ovog-brushaltera-za-tinejdzerke-mame-kljucaju-od-besa">zena</a> (Serbie) (Je deviens Florens Bro)<br />
<br />
<b>Mercredi 7 septembre</b><br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQhcYvaSivUzxljq-3JttfqTwcGV2x14c3nB2ko9cGbb0CqNCMl4emUt1t5AhZylnYpGTKkzM6y9F_19akDqDWmw1Hlx6G2zFlVONAKHBHnn-570GldQsebbEeLdJG0wxQWrmRGX0zlYZ7/s1600/dimcm.png" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="312" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQhcYvaSivUzxljq-3JttfqTwcGV2x14c3nB2ko9cGbb0CqNCMl4emUt1t5AhZylnYpGTKkzM6y9F_19akDqDWmw1Hlx6G2zFlVONAKHBHnn-570GldQsebbEeLdJG0wxQWrmRGX0zlYZ7/s320/dimcm.png" width="320" /></a>À midi, je regarde C8 pour voir leur sujet sur le soutif. Entendre ma voix à la télé n'est pas une bonne expérience auditive, surtout le long "beeeeeeen" qui débute ma phrase (qui ne veut rien dire, j'avoue, j'étais stressée). C'est ici : <a href="http://www.c8.fr/c8-info/pid7662-c8-la-nouvelle-edition.html?vid=1414796">La Nouvelle Édition</a> (Mathilde Terrier) (spoiler alert, je suis présentée comme une "lanceuse d'alerte" et ça me fait bien bidonner... c'est juste la photo d'un soutif hein, c'est pas le scandale du Mediator!)<br />
Je découvre à l'occasion la réponse faite par la marque de soutif, et je me dis que la journaliste a dû sacrément les emmerder pour qu'ils se décident à envoyer ça. Outre le fait que le courrier commence par "Cher Madame" (peut-être une astuce pour ne pas vexer les féministes?), j'ai surtout l'impression que ça ne veut pas dire grand-chose. <br />
Pendant ce temps... <br />
<a href="http://www.ohmymag.com/soutien-gorge/dim-declenche-un-bad-buzz-avec-son-nouveau-soutien-gorge-pour-ados_art99211.html">ohmymag</a> (Floriane Reynaud)<br />
<a href="http://www.journaldesfemmes.com/maman/enfant/1616871-soutien-gorge-dim-sexisme/">Le journal des femmes</a> (Laura Bonnemere) (tiens, ici aussi je suis chez Mediapart... bizarre...)<br />
<a href="http://www.femina.ch/mode/news-mode/gomme-imperfections-dim-fait-complexer-ados-jeunes-filles-nouveau-soutien-gorge">Femina CH</a> (Julianne Monin) (rhoooo ben pareil, encore Mediapart!)<br />
<a href="http://www.herfamily.ie/news/french-underwear-brand-launches-bras-12-year-olds-promising-hide-imperfections/249653">HerFamily</a> (Trine Jensen-Burke)<br />
<a href="http://mmc-news.com/lifestyle/mom-outraged-a-training-bra-claims-to-smooth-imperfections.html">MMC News </a><br />
<a href="http://www.dolly.com.au/lifestyle/french-training-bra-upsets-people-12942">Dolly</a> (Bianca Mastroianni)<br />
<a href="http://www.glamourparis.com/societe/news/articles/les-soutiens-gorges-rembourres-pour-enfants-dim-epingles/45925">Glamour</a> (VF)<br />
<a href="http://www.sheknows.com/parenting/articles/1128103/training-bra-promises-to-smooth-imperfections">sheknows</a> (Theresa Edwards)<br />
<a href="http://hokkfabrica.com/hfdaily-2016sep07-taylor-swift-tom-hiddleston-split-up/">hokkfabrica</a> Hong Kong (ça devient international cette histoire!)<br />
<br />
Fin de la journée. J'ai appris des trucs plus ou moins marrants.<br />
En anglais, "on n'a pas le cul sorti des ronces" se dit "we're really not done with this shit" (on sait jamais, ça peut servir)<br />
Une journaliste m'a posé des questions en message privé, trois ont appelé. Question vérification, c'est léger. Sur la photo initiale on ne voit pas la taille du soutif (70A). Et si je m'étais trompée?<br />
La réponse de la marque est franchement tardive, et elle ne veut rien
dire. Au final, les étiquettes seront enlevées (et sans doute
remplacées par un autre texte). Oui, et? Il y aura toujours des coussinets dans les soutifs en 70A non?<br />
La rumeur, c'est comme le dentifrice, quand elle est sortie du tube on ne peut plus la faire rentrer. Le tweet initial a été retweeté 406 fois, la réponse de la marque a été retweetée... une seule fois (et encore, c'était par moi-même).<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiD-eDpB8sIAWU_FyPbxW1wFMwr-kuJAh7X5lJP49fZEQ7VOMbPNjrvbosyR1jQW3v9JFks2q4KE9Qsbe0DIpB2c3-2hfbUPLpGhzk1Q5KzJYLCKNHBXRL3hSTqLeVzk_lyQiZezLh-klc7/s1600/tweetdim.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="231" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiD-eDpB8sIAWU_FyPbxW1wFMwr-kuJAh7X5lJP49fZEQ7VOMbPNjrvbosyR1jQW3v9JFks2q4KE9Qsbe0DIpB2c3-2hfbUPLpGhzk1Q5KzJYLCKNHBXRL3hSTqLeVzk_lyQiZezLh-klc7/s400/tweetdim.png" width="400" /></a></div>
La palme du bon sens revient à belle-maman qui, dans une réponse très pragmatique, m'a sorti un "ils n'ont que ça à faire"!<br />
C'est vrai que si toute cette belle énergie était dépensée à parler du burn-out des soignants, ou des violences faites aux femmes, ou encore, soyons fous, des droits des patients...<br />
Mais pardon, je digresse encore...<br />
<br />
<i>PS : j'alimente ce billet au fur et à mesure de mes découvertes. Je découvre donc, un peu ahurie, que n'importe qui peut vous mentionner dans un article et se servir d'une photo que vous avez faite (et diffusée publiquement, il est vrai) sans même vous en avertir. Bon à savoir.</i><br />
<br />
<b>Jeudi 8 septembre</b><br />
<a href="http://www.aufeminin.com/news-style/dim-commercialise-des-soutiens-gorges-rembourres-pour-petites-filles-s1971509.html">aufeminin</a> (Margaux Rouche)<i></i><br />
<a href="http://www.marieclaire.fr/,badbuzz-des-soutiens-gorge-taille-12-ans-pour-gommer-les-imperfections,827966.asp">marie claire FR</a> (Lola Talik)<i></i><br />
<a href="http://www.flair.be/fr/home-sorties/394516/scandale-dim-cree-des-soutiens-gorge-rembourres-pour-les-petites-filles">Flair</a> (Laurane Wattecamps)<i></i><br />
<a href="http://www.independent.ie/life/outrage-as-french-lingerie-brand-launches-bras-for-12yearolds-to-erase-imperfections-35032840.html">Independent IE</a> (Online Editors)<i></i><br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_PPHFbCwYbN-dHdZ-7Q3JU56eRc7kSz3Um6DadFiS02F38dkhmP39MCmsb3GeSSzeWAzP1orfiY3scODCKO2eeOxMkw4w-Xerr-ZnwNDMzWIeIufmHg6ZgfftLvtPi7f7D9OT78qSK8mW/s1600/dim2.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_PPHFbCwYbN-dHdZ-7Q3JU56eRc7kSz3Um6DadFiS02F38dkhmP39MCmsb3GeSSzeWAzP1orfiY3scODCKO2eeOxMkw4w-Xerr-ZnwNDMzWIeIufmHg6ZgfftLvtPi7f7D9OT78qSK8mW/s200/dim2.jpg" width="200" /></a><i><br /></i>
<b>Vendredi 9 septembre</b><br />
<a href="http://www.essentialkids.com.au/development-advice/puberty/buying-your-daughter-her-first-bra-mum-finds-bra-in-childrens-section-sold-to-hide-imperfections-20160908-grcemv">EssentialKids</a> (Cat Rodie)<br />
<br />
<b>Lundi 12 septembre</b><br />
<a href="http://www.stuff.co.nz/life-style/parenting/big-kids/tweens-to-teens/84171126/buying-your-daughter-her-first-bra-mum-finds-bra-in-childrens-section-sold-to-hide-imperfections">stuff</a><i><br /></i><br />
<br />
<b>Jeudi 15 septembre</b><br />
<a href="http://www.revelist.com/feminism/feel-secure-about-boobs/4770">Revelist</a> (Rae Paoletta)<br />
<i></i><br />
<b>Samedi 17 septembre</b><br />
En allant faire des courses,
surprise, je retombe sur les fameux soutifs... et constate que les
étiquettes ont été enlevées! Il n'y a pas de petite victoire ;-)<br />
<br />
<b>Dimanche 18 septembre</b><br />
<a href="http://rmc.bfmtv.com/emission/un-soutien-gorge-pour-ados-qui-gomme-les-imperfections-c-est-creer-de-l-anxiete-la-ou-il-n-y-en-a-pas-1038369.html#">rmc.bfmtv</a> (Marie Régnier) <br />
<br />
<b>Mardi 20 septembre</b><br />
<a href="https://www.weneedcafeine.com/marketing-de-la-honte-culpabilisation/">We need caféine</a> (Paola Vavasseur)<br />
<a href="http://www.axellemag.be/fr/defaultc42d.html?id=10&mnu=10">axelle mag.be</a> <br />
<br />
<br />
<br />
<br />Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-28140616576630899222016-07-17T14:00:00.003-07:002018-02-01T08:45:52.729-08:00Le contrat<i><b>Article 212</b> : Les époux se doivent mutuellement fidélité, secours, assistance.</i><br />
<br />
Tu te rappelles mon amour? Ces voeux, nous les avons faits ensemble
devant le maire. Toi, moi, par un beau samedi du mois de juin, il y a
cinquante-quatre ans. Toi dans ton beau costume, moi dans ma robe
blanche. Nos parents, fiers, souriants, et cette belle photo de nous en
noir et blanc qui trône sur la cheminée depuis tant années. Fidélité,
secours, assistance. Des engagements que nous avons tenus. Jour après
jour, malgré la trop charmante voisine qui te tournait autour, malgré la
perte de ton emploi, malgré l'accident qui a coûté la vie à notre
fille.<br />
<br />
<i><b>Article
213</b> : Le mari est le chef de la famille. Il exerce cette fonction dans l'intérêt commun du ménage et des enfants.</i><br />
<br />
<div class="corpsArt">
<i>La femme concourt avec le mari à assurer la direction morale et
matérielle de la famille, à pourvoir à son entretien, à élever les
enfants et à préparer leur établissement.</i><br />
<br />
Tu as travaillé dur. J'ai élevé nos enfants et tenu la maison. Quand tu
rentrais le soir, la soupe était prête et la maison propre. Un parfait
petit mari travailleur, une parfaite petite maîtresse de maison. Une
parfaite petite famille dans une parfaite petite maison.<br />
<br />
<i>La femme remplace le mari dans sa fonction de chef s'il est hors
d'état de manifester sa volonté en raison de son incapacité, de son
absence, de son éloignement ou de toute autre cause.</i><br />
<br />
Parfois, tu partais loin. Je m'occupais de tout. Tu pouvais avoir
l'esprit tranquille, tu savais que tout irait bien en ton absence. Je
pouvais avoir l'esprit tranquille, je savais que nous serions heureux de
nous retrouver.</div>
<b><br /></b>
<i><b>Article 214</b> : Si le contrat de mariage ne règle pas la contribution des époux
aux charges du mariage, ils contribuent à celles-ci en proportion de
leurs facultés respectives.</i><br />
<div class="corpsArt">
<i>L'obligation d'assumer ces charges pèse, à titre principal, sur le
mari. Il est obligé de fournir à la femme tout ce qui est nécessaire
pour les besoins de la vie selon ses facultés et son état.</i><br />
<br />
Nous n'avons presque manqué de rien. Nous avons pu acheter notre maison
et payer les études des enfants. Tout était bien. Bien sûr il y a eu des
périodes difficiles, parfois, mais ça n'était rien à côté des
privations subies pendant la guerre. Nous avions tellement manqué de
tout quand nous étions enfants! Alors, pouvoir manger à chaque repas et
dormir au chaud, quel luxe en vérité!<br />
<br />
<i>La femme s'acquitte de sa contribution aux charges du mariage par
ses apports en dot ou en communauté et par les prélèvements qu'elle fait
sur les ressources personnelles dont l'administration lui est réservée.</i><br />
<i>Si l'un des deux époux ne remplit pas ses obligations, il peut y
être contraint par l'autre époux dans les formes prévues à l'article 864
du code de procédure civile.</i><br />
<br />
Nul besoin de contrainte dans notre couple. L'argent n'a jamais été
sujet de discorde entre nous. Nous étions économes sans être radins,
nous avions ce qu'il fallait sans crouler sous l'opulence. Je n'ai
jamais vérifié tes fiches de paye, tu n'as jamais vérifié mes dépenses
pour le ménage. La confiance était totale et réciproque.</div>
<br />
<br />
<i><b>Article 215</b> : Le choix de la résidence de la famille appartient au mari ; la
femme est obligée d'habiter avec lui, et il est tenu de la recevoir.</i><br />
<i>Lorsque la résidence fixée par le mari présente pour la famille
des dangers d'ordre physique ou d'ordre moral, la femme peut, par
exception, être autorisée à avoir, pour elle et ses enfants, une autre
résidence fixée par le juge.</i><br />
<br />
C'est sur ces dernières phrases que nos chemins se séparent. Tu comprends mon amour, je ne peux plus vivre avec toi.<i> </i>Parce
que justement, je ne vis plus. Parce que je passe mes jours et mes
nuits à m'inquiéter pour toi. Parce que nous sommes devenus des
étrangers l'un pour l'autre. Je ne suis plus ton épouse. Je suis parfois
ta soeur, souvent ta mère, et la plupart du temps une parfaite
inconnue. Tu n'es plus mon époux. Tu es celui qui hurle la nuit, celui
qui m'insulte, celui qui m'ignore. Je voudrais t'aimer, mais je n'y
arrive plus. Parce que tu me fais peur, parce que m'épuises, parce que
tu finiras par me tuer. <br />
Je ne me débarrasse pas de toi mon amour. Je le fais pour toi, pour moi,
pour nous. Je le fais parce que nous avons été un couple heureux, et
que je veux garder ce souvenir de nous. Parce que tu étais mon mari, mon
amant, mon tout. Parce que notre amour n'a pas su résister à la
maladie. Parce que je suis trop vieille pour mourir d'amour. <br />
Tes valises sont prêtes. Toi, tu tournes en rond dans le salon, comme
tous les jours. Je t'ai parlé de cet endroit où tu allais, je t'ai dit
que je ne t'abandonnais pas mais que je te confiais à d'autres qui
sauront mieux s'occuper de toi. Je ne t'ai pas menti. Alors pourquoi
ai-je ce sentiment amer d'une ultime trahison? Pourquoi cette
culpabilité lancinante? Pourquoi cette envie de mourir quand je t'offre
une nouvelle vie?<br />
Pourquoi ce chagrin d'amour alors que nous nous sommes tant aimés?<br />
<br />
<i><b>Article final</b> : Jusqu'à ce qu'Aloïs vous sépare.* </i><br />
<br />
<br />
* merci à <a href="https://twitter.com/kataidante">@kataidante</a> pour la touche finale <i></i><br />
<i><br /></i>
<i>PS : l'époux et l'épouse de ce texte sont des personnages fictifs. Purement fictifs. Ne les cherchez pas parmi les résidents que vous connaissez, ils n'existent pas.</i>Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-14187054807793493022016-07-10T06:39:00.000-07:002018-02-01T08:56:46.472-08:00Mon passé, votre présentJe suis assise dans un fauteuil et j'attends. J'attends quoi? J'ai
oublié. Sans doute un repas, mais je ne sais plus lequel. Pas grave, pas
important.<br />
En face de moi, le mur. Sur le mur, des photos. Je les regarde
attentivement. Des bébés joufflus, des enfants souriants, une photo de
mariage... Qui sont tous ces gens? Je scrute chaque visage, à la
recherche d'un indice. Le gros bébé, à gauche, ressemble vaguement à ma
petite-fille Élodie quand elle était petite. Le blondinet, au milieu,
avec son pull à rayures, on dirait bien le petit Paul... Mais Paul a au
moins trente ans maintenant, si ce n'est plus... Donc ce n'est pas
lui... Son fils peut-être? Et là, cette photo de mariage? La mariée est
belle, très belle même, aussi belle que pourrait l'être Cassandra...
Quant au marié, non, vraiment, son visage ne me dit rien. Je ne le
connais sans doute pas. Depuis combien de temps n'ai-je pas vu
Cassandra? Elle passait tous ses étés chez nous quand elle était petite.
Le jardin était son terrain de jeux, elle y avait construit une cabane
avec ses cousins. Des étés de rires, de clafoutis aux cerises et de
courses à vélo dans le petit bois. Et puis les petits-enfants ont
grandi, et j'ai vieilli. Charles est parti il y a longtemps déjà. Le
crabe a grignoté ses poumons et sa vie. Cinquante-quatre ans d'amour.
Quel vide il a laissé derrière lui! De mamie-gâteau je suis passée à
mamie-ronchon. Les douleurs du veuvage et de l'arthrose ne sont pas les
compagnes idéales quand on veut rester une gentille grand-mère.<br />
Les petits-enfants ont grandi. Les études, les mariages, les enfants...
Et mes enfants sont devenus grands-parents à leur tour. À eux maintenant
les rôles de mamie-tricot et papi-bricole, moi je suis devenue la
Vieille, celle qui est trop vieille pour s'occuper des enfants, trop
vieille pour les faire sauter sur ses genoux, trop vieille pour leur
faire de bons gâteaux. Je suis devenue la Vieille dans sa vieille
maison, avec son vieux chat, ses vieux meubles et ses vieux souvenirs.
La vieille qui pue le vieux.<br />
La dépendance a fait irruption sans que je m'y attende. À défaut de
recevoir les visites de la famille, j'ai reçu celles des soignants.
Aides à domicile, infirmières, kinés... Je n'avais presque plus rien à
faire, juste à rester assise dans mon vieux fauteuil à attendre le ding
dong de la prochaine visite. Reposant... et mortellement ennuyeux.<br />
L'étape d'après, en toute logique, c'était la maison de retraite. Parce
que la Vieille était trop dépendante, parce que c'était trop risqué de
rester seule dans cette grande maison, parce que je serais mieux ici...
Tu parles! Ils m'ont bien eue sur ce coup! <br />
Ils m'ont acheté des meubles neufs, plus petits, plus fonctionnels, et
m'ont demandé d'y caser l'essentiel de ma vie. Ils m'ont acheté des
vêtements neufs, parce que les miens sentaient trop le vieux. J'avais
une grande et vieille maison, j'ai maintenant une petite chambre neuve.
J'avais des robes uniques, cousues de mes mains, j'ai maintenant des
vêtements fabriqués en série par des gens que je ne connais pas.<br />
Ils m'ont installée ici avec mes meubles et mes vêtements neufs, fiers
d'eux, fiers du sacrifice financier qu'ils faisaient pour la Vieille,
alors que je ne leur avais rien demandé, et ils sont repartis. Ils sont
venus me voir tous les jours, puis toutes les semaines, puis tous les
mois... Et maintenant, une fois de temps en temps... Parce qu'ils sont
loin, parce qu'ils sont occupés, parce qu'ils ont du travail... Parce
qu'aller voir la Vieille qui pue le vieux dans sa prison pour vieux,
c'est pas très glamour comme sortie dominicale.<br />
Mais ils pensent à moi, ils me le répètent à chaque fois. D'ailleurs,
ils m'amènent des photos. Des photos de bébés joufflus, de blondinets
souriants et de mariages auxquels je n'ai pas été invitée. Ils
m'envoient des faire-part de naissance et des cartes postales de
destinations lointaines... Espagne, Martinique, Inde... Ils me parlent
de leur boulot, de leurs gosses, de leur vie... Mais ils ne me parlent
pas de la mienne.<br />
Sur le mur en face de moi, je regarde leurs vies. Leurs vies dont je ne
fais plus partie. Je regarde ces enfants que je ne connais pas et dont,
en toute sincérité, je me moque éperdument. Je vais bientôt mourir. Je
n'ai pas particulièrement peur, je ne suis pas particulièrement triste.
J'ai fait mon temps, c'est tout.<br />
Je voudrais revivre mon passé, pas vivre le présent des autres. Je voudrais qu'on me laisse m'enfermer dans mes souvenirs. <br />
Je voudrais respirer le parfum de Charles, caresser le bois de ma
vieille armoire, écouter les chansons de mes vingt ans, manger du
clafoutis aux cerises, revoir les gens et les lieux que j'ai aimés, pas
ceux que je n'aurai pas le temps d'aimer.<br />
Laissez-moi repartir en arrière, et continuez sans moi. Ne soyez pas
tristes... Je serai tellement plus heureuse ainsi, dans les sensations
du passé.<br />
Tant de beaux souvenirs, tant de joies surannées, tant de bonheur
oublié... Les rires... les clafoutis... les mains de Charles... les
boucles blondes de mon petit garçon...<br />
<br />
<i>PS : en vrai, je ne suis pas assise dans un fauteuil. Je suis assise sur une chaise de bureau et j'attends que mon chat quitte mes genoux pour aller faire à manger. </i>Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-38644613407253723352016-07-05T08:50:00.001-07:002016-07-05T08:50:13.242-07:00Chambre 423
<style type="text/css">P { margin-bottom: 0.21cm; }A:link { }</style>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<b>Décembre 2013</b></div>
<div style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
À l'époque, je
suis élève aide-soignante, et je suis en stage à l'hôpital dans
lequel est mort mon père à peine plus d'un an plus tôt. C'est le
dernier jour que l'émotion me submerge.</div>
<div style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Je suis donc retournée à l'hôpital.
Le premier jour, après être sortie de ma voiture, je suis restée
de longues minutes devant ce grand bâtiment qui avait englouti mon
père. Tout droit, l'entrée. À gauche, la chambre mortuaire. À
droite, le service de gastro. Là où il est mort. Entrer. Prendre à
droite, direction l'ascenseur, et monter. Pas en gastro, non, mais l'étage en dessous. Chirurgie.
Dernière porte, tout au fond. Mêmes couloirs, mêmes chambres, même
vue depuis les fenêtres.<br />Même numérotation de chambres. Chambre
423. La même qu'en haut. Exactement la même. De la fenêtre, je
vois le clocher de l'église du bourg voisin. Là où a eu lieu la
cérémonie d'enterrement. <br />Un mois de stage. Un mois à passer
devant la chambre 423. J'y entre rarement car ce n'est pas "mon"
secteur. Servir un repas de temps en temps, aider à l'installation
d'un patient, apporter un bassin... Je n'y reste jamais
longtemps.<br />Dernier jour de stage. Je finis dans une heure.
L'après-midi, c'est le nettoyage à fond des chambres des sortants.
Cet après-midi, c'est la chambre 423 qui est à faire. Bizarrement,
ça ne fait pas tilt. Je commence tranquillement, je désinfecte le
lit, le matelas, tout en discutant avec ma co-stagiaire, et
subitement, je réalise. Je suis dans la chambre 423. Pile au-dessus
de moi, mon père est mort. Arrêt. J'ouvre les volets en grand. De
même que j'étais restée de longues minutes devant l'hôpital le
premier jour, je reste devant la fenêtre et je regarde. Les champs,
la petite route qui s'en va vers le bourg, et le clocher, au loin,
dans la brume. Le dernier paysage qu'a vu mon père.<br />Larmes. Et
sourire. La boucle est bouclée.</div>
Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-23621041288399174502016-07-03T07:45:00.003-07:002016-07-03T07:45:53.364-07:00Vieillir
<style type="text/css">P { margin-bottom: 0.21cm; }A:link { }</style>
<br />
Quand j'étais toute petite, ma vie tournait autour de trois dates
: Noël, mon anniversaire, ma fête. Trois événements, trois
occasions d'avoir des cadeaux. La vie est simple pour les enfants.
Évidemment, il y avait d'autres dates importantes : Pâques pour les
chocolats, les vacances scolaires pour aller chez ma mamie, le
jour de l'An pour pouvoir se coucher tard.
Et puis j'ai grandi. Je me suis intéressée à d'autres choses
que ma petite personne. Mon frère et mes parents avaient eux aussi
leurs dates importantes. Et puis, il y avait les fêtes commerciales,
celles dont tout le monde parle. Chez nous on fêtait tout ce qui
pouvait se fêter : anniversaires, fêtes, anniversaires de mariage
et de fiançailles, fête des mères, fête des pères,
Saint-Valentin... Ça en faisait des dates à retenir!<br />
Quatorze février, trente avril, deux juin, treize juin,
vingt-deux novembre, vingt-cinq décembre... Des gâteaux, des
cadeaux, des bougies... Des repas, des fêtes, des rires...<br />
Et puis j'ai encore grandi. À cette collection d'événements
familiaux sont venues s'ajouter les dates historiques, celles qu'on apprend à l'école. Huit mai, dix-huit juin, quatorze juillet,
onze novembre... Cortèges, commémorations, jours fériés...<br />
J'ai fondé une famille. Un mari, deux enfants, deux
beaux-parents... De nouveaux anniversaires, de nouvelles fêtes.
Vingt-et-un août, seize novembre, vingt-deux juin, trente-et-un
octobre...<br />
Mon frère a fait de même. Une femme, des enfants... Encore des
dates. Vingt-sept avril, quinze août, trente janvier, vingt-deux
février...<br />
J'ai vieilli. Des gens sont morts. Treize septembre, trente
juillet, vingt-neuf avril...<br />
J'ai trente-neuf ans. Chaque mois, il y a quelque chose dont je
dois me souvenir. Chaque souvenir me ramène quelques années en
arrière.<br />
Ma nièce est née un vendredi. C'était le dernier jour de mon
stage de moniteur-éducateur, j'ai appris sa naissance par un sms
reçu alors que je me trouvais dans le hall d'entrée d'un Institut
Médico-Éducatif quelque part dans le Tarn.<br />
Ma mère est morte un lundi, comme mon père. Comme mon beau-père
aussi. J'aime pas les lundis.<br />
Je suis née un samedi. Ce soir-là, mes parents devaient aller à
un bal. Finalement, ils sont allés à la maternité, je suis née,
et mon père est allé au bal tout seul pour annoncer qu'il venait
d'avoir une fille!<br />
AZF a explosé le vendredi vingt-et-septembre 2001 à 10h17.
J'étais en cours et je rêvais d'une pause café/clope, je venais
tout juste de regarder ma montre en soupirant. Il y a eu comme un
bruit sourd, puis un souffle, et puis... BOUM! Les grandes vitres de la salle ont volé
en éclats, il y a eu des hurlements, une bousculade, nous sommes
tous sortis précipitamment de l'école. Après le moment de sidération, je suis rentrée chez moi, calmement, de toute
façon l'école était toute cassée, inutile de s'attarder.<br />
Des dates et des souvenirs, j'en ai plein. Une date, un événement,
un lieu, un nom. Et puis des images, des bruits, des émotions. Des
souvenirs précis, d'autres flous, des sensations diffuses ou des
images brutes.<br />
Chaque mois qui commence amène son cortège de dates à retenir.
On fête, on commémore, parfois on oublie.<br />
Je vais vieillir, mes enfants vont grandir. Ils vont vivre des
choses eux-aussi : diplômes, mariages (j'espère), naissances
(j'espère encore plus fort)...
<br />
Ceux qui m'entourent vont mourir. Encore des dates, encore des
pierres à graver.<br />
Et puis un jour je serai vieille. Une vieille mamie toute ridée
toute fripée. Comme toute bonne vieille mamie qui se respecte, je
ferai des confitures et tricoterai de la layette pour mes
petits-enfants, si je n'ai pas trop d'arthrose. Et comme toute bonne
vieille mamie qui se respecte, il faudra me répéter trois fois que
la semaine prochaine c'est l'anniversaire de Sidonie, la deuxième
fille de mon fils (et non la première fille de ma fille). Moi,
pendant ce temps, j'essaierai désespérément de me souvenir du
prénom du premier mari de ma fille, celui qui était si gentil, parce
qu'il me semblera que c'est bientôt son anniversaire. Perdue dans mes
pensées, je n'écouterai pas mon fils égrener pour la énième fois
les prénoms et anniversaires de ses sept enfants (sept enfants et
quatre mères différentes, quelle idée de tomber si souvent
amoureux aussi!). Il me dévisagera, inquiet, me demandera comment
s'appelle le plus jeune de ses fils puis, devant mon hésitation,
froncera les sourcils, et je devinerai dans ses yeux (qu'il a fort
beaux) le spectre d'Alzheimer.<br />
Soyez indulgents avec vos vieux parents. Ils ont tant et tant de
souvenirs, tant et tant de dates à retenir, qu'il leur faut parfois
du temps pour retrouver le bon moment au bon endroit. Il faut
fouiller, dépoussiérer, retourner des vieilles choses. Et puis,
parfois, au milieu des images, des sons et des émotions, certains
prénoms disparaissent, certaines dates s'effacent, engloutis par la
marée montante des choses de la vie...<br />
Soyez gentils, n'accusez pas Monsieur Alzheimer tout de suite,
n'invoquez pas la sénilité, acceptez juste que parfois, les vieux
ont la mémoire qui déborde de trop de choses.<br />
Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-1470855443392953907.post-76719749553797437352016-07-02T14:43:00.005-07:002016-07-02T14:43:51.579-07:00Quand je serai vieille...
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<b>Quand je serai vieille...</b></div>
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Quand je serai vieille, je ne veux pas qu'on m 'appelle « ma
ptite dame » ou « ma jolie ». Je veux être
respectée et conserver mon identité jusqu'à la fin. Je ne veux pas
qu'on me retourne dans tous les sens sans même me prévenir pendant
les soins. Je veux qu'on me touche avec douceur et qu'on m'explique
ce qu'on me fait. Je ne veux pas qu'on me juge et qu'on dise de moi
que je suis difficile ou compliquée. Je veux qu'on me traite avec
bienveillance et qu'on accepte que je ne sois pas toujours de bonne
composition.<br />
Quand je serai vieille, je ne veux pas dormir dans des draps
d'hôpital, je veux mon linge de lit. Je ne veux pas être lavée au
gant jetable, je veux mes affaires de toilette. Je ne veux pas qu'on
me serve mes repas dans des barquettes en plastique, je veux une
jolie vaisselle comme à la maison.<br />
Quand je serai vieille, je ne veux pas d'une couche, je veux une
protection. Je ne veux pas d'un bavoir, je veux une grande serviette.
Je ne veux pas d'un verre canard, je veux un verre ergonomique.<br />
Quand je serai vieille, je ne veux pas qu'on parle devant moi
comme si je n'étais pas là. Je veux pouvoir discuter avec ceux qui
s'occuperont de moi. Je ne veux pas qu'on s'empare de mon fauteuil
sans me prévenir pour m'embarquer à toute vitesse à l'autre bout
du couloir. Je veux qu'on m'annonce qu'on va changer de pièce et
qu'on chemine à un rythme qui ne me donne pas le vertige. Je ne veux
pas qu'on me dise de faire dans ma protection sous prétexte que je
suis trop longue à installer aux toilettes. Je veux que mes besoins
élémentaires soient respectés et ma dignité conservée.<br />
Quand je serai vieille, je marcherai moins bien, j'entendrai moins
bien, je comprendrai moins bien. Mais je serai toujours capable
d'aimer telle ou telle personne, d'avoir envie de tel ou tel menu,
d'avoir peur de tel ou tel événement. <br />
<br /><b>Quand je serai vieille, je veux juste qu'on ne m'enlève pas le
droit d'être moi.</b>
<br />
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Flohttp://www.blogger.com/profile/00542767282377421992noreply@blogger.com9